Lettre du GIS Asie – Mars 2025 (extraits infos Japon)

Événements

Colloque : 2025 Saikaku-Bakin Symposium (20-22 mars) Paris

Le colloque Saikaku-Bakin, cofinancé par le GIS Asie, se propose de réunir les chercheurs travaillant sur la prose narrative japonaise de l’époque moderne (17e au milieu du 19e siècle) autour des notions de « littérature populaire » et de « popularisation » : comment les auteurs japonais de l’époque d’Edo ont-ils cherché à rendre leurs écrits accessibles à de nouveaux publics par le biais d’un large éventail de processus de réécriture ?

Les présentations s’intéresseront notamment aux relations et frontières entre les différents genres narratifs et aux liens avec d’autres formes artistiques comme l’image ou le théâtre.

Journée d’étude, 1er avril 2025, Campus Condorcet

Cette journée d’étude, cofinancée par le GIS Asie, interrogera la diversité de besoins et de représentations de care ainsi que la nature et l’organisation du travail de care en contexte de migrations internationales, à partir des études de cas variés, menés auprès de populations d’origine japonaise, vietnamienne et chinoise résidant en Europe (Royaume-Uni et France).

Cet événement s’adresse aux chercheurs et étudiants en SHS ainsi qu’aux professionnels de care et au grand public.

Événements scientifiques

    4 mars 2025 : Colloque : L’exercice du pouvoir judiciaire par la Cour suprême du Japon. Paris 7e

    7 mars 2025 : Conférence : Chinese Capital Accumulation and the Belt and Road Initiative. Leiden (Netherlands)

Appels, Offres

    Appel à communications : Du Japon au Brésil et vice-versa : perspectives historiques et esthétiques d’un cinéma diasporique. Date limite : 10 mars 2025

    Appel à communications : Open(ing) Science? Digital Humanities in Area Studies. Date limite : 15 mars 2025

Publications

    Le Néo-japonisme, 1945-1975, Sophie Basch et Michael Lucken, Les Éditions Hermann, Janvier 2025

    La grande famille de Koreeda Hirokazu, Raphaëlle Yokota, ENS Editions, Février 2025

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INFOS DÉTAILLÉES sur le site du GIS ASIE
https://www.gis-reseau-asie.org/

©2025 GIS Asie | Campus Condorcet, bât. Recherche Sud, 5, cours des Humanités 93322 Aubervilliers cedex

Lettre du GIS Asie – Avril 2023 (extrait)

Vie du GIS Asie
Le GIS Asie, ou groupement d’intérêt scientifique Études asiatiques, est un lieu de rassemblement, de concertation et d’initiatives de la communauté des études asiatiques françaises et belges.

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Plus de visibilité sur le web pour les études asiatiques

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Journée d’étude : Corée-Japon : enjeux mémoriels, tensions nationalistes et mobilisations (14 avr.)
14 avril 2023, Aix-en-Provence
Selon une double perspective – historique et contemporaine, cet événement s’intéressera aux questions autour de la guerre, du genre, de la colonisation, ainsi qu’à la situation des Coréens au Japon appelés Zainichi, au développement d’un mouvement raciste dans le Japon d’aujourd’hui – et plus particulièrement au collectif nommé Zaitokukai (« Citoyens contre les privilèges des étrangers au Japon ») –, et à une nouvelle mobilisation contre la haine qui émerge en réaction à cette tendance xénophobe. Cette journée d’études, qui comportera une projection-débat, est cofinancée par le GIS Asie
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Tous droits réservés : GIS Asie
 

Les cuisines du Japon : entre diversités sociales et culturelles

Les cuisines du Japon : entre diversités sociales et culturelles

par Alexis Markovitch, doctorant contractuel à l’Inalco

Souvent réduite à l’image simpliste d’une cuisine centrée autour du riz blanc et sublimant le poisson cru, « la cuisine japonaise » se caractérise en réalité par son extraordinaire diversité.

Avec une histoire longue de plusieurs millénaires durant laquelle les populations de l’archipel échangèrent entre elles mais aussi avec l’extérieur, de nombreuses techniques culinaires et formes de pratiques alimentaires furent élaborées et codifiées différemment selon les strates sociales.

Tantôt empreintes d’appropriations de modèles continentaux ou étrangers, tantôt se voulant spécifiques au territoire nippon, les cuisines des Japonais s’inscrivent dans une société aux structures sociales mouvantes, aux dynamiques géographiques et culturelles fortes, et dans un ensemble de conceptions savantes, morales et religieuses.

Entre transmissions de gestes techniques, passations et adaptations de recettes de cuisine, appropriations et développement de technologies et d’outils culinaires, « la cuisine japonaise » se définit avant tout par une construction historique de goûts et de pratiques reflétant des modes de vie variés aussi bien d’un point de vue social que culturel.

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Source : gis-reseau-asie.org

GIS Asie : Lettre de Mars 2022 (extrait)

Modalités et acteurs de la transmission de la connaissance au Japon
Colloque, 17 – 19 mars 2022, Strasbourg

Ce colloque international en études japonaises, cofinancé par le GIS Asie, se propose d’observer et d’étudier la question de la transmission de la connaissance au Japon.

Pour participer à cet événement, rendez-vous les 17, 18 et 19 mars à  l’Université de Strasbourg/Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg (BNU).

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Rencontres de l’Association interdisciplinaire des ethnographies japonaises
24-25 mars 2022, Paris
La pratique ethnographique constitue, au-delà des disciplines et des  objets, une approche efficace et spécifique. L’Association interdisciplinaire des ethnographies japonaises se veut un espace d’échange pour les chercheur·e·s en études japonaises usant d’une pratique de terrain dans le cadre de leur recherche. Cet événement, cofinancé par le GIS Asie, permet d’effectuer un état des lieux de résultats d’enquête récents et de projets à venir ; d’initier des collaborations nouvelles ; d’ouvrir une fenêtre aux étudiants intéressé·e·s par l’ethnographie appliquée au Japon ; d’approfondir des questionnements sur la méthode ethnographique et partager des « trucs de terrain ».

Pour y participer, rendez-vous les 24 et 25 mars, à Paris.

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Lettre du GIS Asie – Octobre 2021 (extrait concernant le Japon)

Focus sur les activités de l’Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise (MFJ)

Les 5 Instituts français de recherche à l’étranger (UMIFRE), situés en Asie font partie du GIS et représentent un outil important pour la communauté de recherche en études asiatiques. Le CNRS, dans sa lettre de septembre, met l’accent sur : Les UMIFRE, tremplins professionnels pour les jeunes chercheurs.

Ce mois-ci, nous présentons les actualités de la MFJ : un webinaire sur la « judiciarisation » des enjeux sociaux et environnementaux au Japon et en France et deux nouveaux arrivants, Raphaël Languillon-Aussel et Sébastien Lechevalier.

Webinaire «Judiciarisation» des enjeux sociaux et environnementaux au Japon et en France

L’intervention du juge s’étend à différentes sphères de la vie sociale, économique et financière, tels que la santé, le travail, l’environnement, ou encore les affaires. Cette série de webinaires propose d’analyser, grâce à la participation de chercheur·e·s et de praticien·ne·s français·e·s et japonais·e·s du droit, les conditions sociales, juridiques, économiques et politiques, le contexte et les acteur·rice·s de l’usage du droit au sens de recours juridique et judiciaire. Elle s’inscrit dans un projet de recherche piloté par Adrienne Sala (chercheure à l’IFRJ), qui fait l’objet d’une aide spécifique du CNRS et donnera lieu entre autres à la publication d’un numéro spécial de la revue Ebisu, à paraître en 2023.

Le 27 octobre 2021 aura lieu le cinquième webinaire de la série, intitulé « Des procès anti-nucléaire aux contentieux de la transition énergétique? Nature et évolution de la judiciarisation dans le secteur de l’énergie au Japon et en France », avec Magali Dreyfus (CNRS, Univ. de Lille), Iida Tetsunari (Institute for Sustainable Energy Policies), Kawai Hiroyuki (avocat), et Rémi Scoccimarro (Univ. Toulouse Jean-Jaurès).

Un appel à contributions pour le prochain webinaire du cycle est ouvert jusqu’au 5 octobre : ici

MFJ – Présentation de deux chercheurs
Raphaël Languillon-Aussel à la MFJ

Chercheur associé au département de géographie de l’Université de Genève, spécialiste en aménagement et urbanisme, Raphaël Languillon-Aussel s’intéresse aux relations entre les logiques d’urbanisation, les régimes politiques qui en assurent le cadre légal, et les dynamiques d’accumulations capitalistiques. Son projet de recherche à la MFJ intitulé « 1930-2025 : un siècle de grands événements urbains au Japon » se construit autour d’une problématique géohistorique interrogeant les modèles d’aménagement présents dans les grands événements urbains, ce qu’ils peuvent nous apprendre des régimes politiques qui les ont formalisés et ce qu’il en est resté dans les logiques et les cultures d’aménagement ultérieurs des métropoles japonaises. En parallèle de cette recherche, il dirige un numéro spécial sur numérique et espaces publics pour la revue internationale Articulo – Journal of Urban Research, et rédige deux ouvrages à paraître dans les prochaines années : un portant sur les asymptotes immobilières de la révolution numérique, et un autre plus géohistorique sur Tokyo, capitale olympique (1940-2021).

Dernier article publié : Le report des JO de Tokyo 2020 : des conflits d’aménagement à la crise sanitaire
Sébastien Lechevalier à la MFJ

Sébastien Lechevalier, premier directeur du GIS Asie de 2013 à 2017, passera l’année universitaire 2021-2022 au Japon. Économiste et directeur d’étude à l’EHESS, il mène une recherche sur l’impact des nouvelles technologies sur l’emploi au Japon et en France. D’une part, il approfondit les études de l’impact de l’usage de l’Internet sur la satisfaction au travail dans les 2 pays, en mobilisant la base de données PIAAC, dans le cadre d’un projet coordonné par l’université Keio. D’autre part, il rédige un article intitulé « Digitalization, labor productivity dynamics, and labor discipline in Japan. A political economy approach », en collaboration avec Saori Shibata (Sheffield University). Il étudie tout particulièrement le recours au télétravail au Japon depuis le début de la pandémie.

Dernier article publié : Why do Redistributive Policies Differ across Countries? Analyzing the Multiple Dimensions of Preferences for Redistribution” (with R. Kambayashi)
Site web de la MFJ

Lettre du GIS Asie – mars 2021 – extrait – Patrimoine militaire dans la ville japonaise

Patrimoine militaire dans la ville japonaise : entre mémoire historique et symbole identitaire

par Delphine Vomscheid, post-doctorante JSPS à l’Université de Kyōto, chercheuse affiliée au laboratoire CRCAO (UMR 8155) et enseignante vacataire à l’ENSA de Lyon

Au Japon, le patrimoine architectural militaire occupe une place particulière dans le paysage urbain. D’un point de vue quantitatif tout d’abord, parce que l’on dénombre plusieurs milliers de sites archéologiques et historiques de châteaux répartis sur l’ensemble de l’archipel, de la simple ruine aux sites grandioses des donjons ceints de douves et de fortifications. D’un point de vue qualitatif également, car le pays compte cinq sites classés trésors nationaux, dont le château de Himeji qui est l’un des premiers biens culturels japonais à être inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1993. D’un point de vue politique enfin, puisque depuis la fin du régime féodal des Tokugawa en 1867, les sites castraux ont joué des rôles divers, tantôt négligés pour leur désuétude, tantôt utilisés pour leur forte symbolique.

Aujourd’hui, les châteaux constituent des atouts de taille pour les villes : leurs conservation, valorisation et utilisation représentent des enjeux économiques et politiques majeurs.

Cet article propose une double lecture du patrimoine castral du Japon, sous l’angle de sa valeur de témoignage du passé mais également des enjeux patrimoniaux actuels qui lui sont associés, liés au tourisme et à la politique internationale.

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Asie Thèses : la base de données des thèses sur l’Asie du GIS

Asie Thèses : la base de données des thèses sur l’Asie consultable en ligne sur le site web du GIS

Asie Thèse est une base de données unique en son genre, car elle recense toutes les thèses sur l’Asie en sciences humaines et sociales soutenues en France depuis les années 1970.

Cette base, en ligne sur le site web du GIS Asie, est interrogeable par tous suivant différents critères de recherche. Contenant actuellement 8300 thèses, elle est incrémentée tous les six mois à partir de Theses.fr (catalogue qui ne propose pas de filtre « Asie ») et reste ainsi à jour en permanence.

Venez la tester et vérifier que votre thèse est bien répertoriée.
https://www.gis-reseau-asie.org/fr/theses

Lettre du GIS Asie – Novembre 2020 (extrait)

Article du mois
La politique de gestion de crise japonaise face à l’épidémie de Covid 19 : un équilibre délicat entre liberté et sécurité
par Adrienne Sala, chercheuse à l’Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise, chercheuse associée à la Fondation France-Japon de l’EHESS et chercheuse invitée à l’université de Tokyo.

Malgré une exposition forte et précoce au virus SARS-Cov-2 et une double vulnérabilité structurelle (concentration élevée et vieillissement important de la population), le Japon est un des rares pays développés où, à l’issue de la première vague de contamination, le taux de mortalité était faible (le taux de mortalité des personnes hospitalisées est également très faible (7,5%)). Le 25 mai, lorsque l’état d’urgence est levé, on recense au total 846 morts et 16 706 cas cumulés. Rapporté à une population de 126 millions, avec 13 cas pour 100 000 hab. le Japon fait partie des bons élèves avec ses voisins asiatiques. En outre, l’archipel n’a eu recours ni à des mesures coercitives, ni au fichage intrusif de sa population. Depuis juillet, malgré une nette hausse des nouveaux cas, liée aussi à la plus grande capacité de test, le taux de mortalité reste faible.

Pourtant les analyses de la gestion de crise japonaise ne convergent pas toutes dans le même sens. Certains politistes sont plus critiques à l’égard de la lente réactivité du gouvernement central, de la lourdeur bureaucratique et du manque de transparence du processus décisionnel. La réactivité des gouverneurs locaux pendant la première vague semble néanmoins faire consensus. La complexité de l’analyse révèle en effet la diversité des enjeux plurisectoriels et multi-niveaux : enjeux sanitaires, économiques, sociaux, et politiques enchevêtrés au niveau local, national et global. Dans cet article, nous proposons de mettre en perspective les trois piliers sur lesquels s’appuie cette gestion de crise sanitaire : le système de santé, les enquêtes épidémiologiques et la responsabilité civique, dont l’articulation donne un aperçu de la politique de lutte contre la diffusion du virus axée sur la prévention. Cette mise en perspective permet de ne pas isoler la gestion de la crise actuelle en l’ancrant dans la continuité des crises précédentes. L’efficacité de la coordination entre les acteurs politiques, économiques et les citoyens est néanmoins mise à l’épreuve de la longue durée de l’épidémie et de ses conséquences socioéconomiques.

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Le renseignement japonais, par Grégoire Sastre

Extrait de l’article :

Le renseignement et les guerres secrètes se jouent dans des espaces hors la légalité et leurs contours demeurent flous, ce qui en fait un sujet difficile à traiter de manière objective et apaisée. Cela tient également, comme le souligne Alain Dewerpe, à la persistance, autour du renseignement, d’un imaginaire romanesque du secret, des complots, des manipulations et du mensonge, ainsi que d’une méfiance plus ou moins assumée pour ce qui était considéré comme les égouts de la politique. On y retrouve également la dichotomie entre la surveillance et la protection du public : il s’agit, d’un côté, de contrôler les populations et, de l’autre, de déjouer les menaces. Quand un lanceur d’alerte comme Edward Snowden met à jour un abus de pouvoir, les gouvernements en place, démocratiques ou non, mettent en avant la nécessité de se défendre sur le terrain de l’action clandestine, qu’elle soit physique ou non.

Au Japon, ces questions font l’objet d’intenses débats depuis la fin de la guerre du Pacifique. En décembre dernier, la décision denvoyer un navire et deux avions de reconnaissance des Forces dautodéfense (FAD) afin de mener une mission de renseignement dans le golfe dOman a ainsi ému lopinion : elle a été prise par le Cabinet sans être débattue ou votée par la Diète japonaise. Cette décision pose la question de l’usage des forces militaires japonaises, même pour une action non violente comme le renseignement, et du contrôle démocratique de cet usage dans l’évolution du droit japonais en lien avec les questions de défense. Nous allons dans un premier temps évoquer les récents changements de paradigmes du renseignement japonais et dans un second temps en montrer les racines historiques.

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https://www.gis-reseau-asie.org/fr/le-renseignement-japonais-une-problematique-actuelle-une-histoire-necessaire

Infos Japon du GIS Asie – octobre 2019

Jeu concours pour l’ICAS12 (Kyoto 2021)

Envoyez un texte de 250 mots sur le 7e Congrès Asie/ICAS11 à notre partenaire ICAS qui récompensera le meilleur texte par une exemption des frais d’inscription pour leur prochain congrès qui aura lieu en août 2021, à Kyoto.
Vos impressions sont à envoyer à l’adresse suivante :
icas11@iias.nl

Date limite d’envoi des propositions : 31 octobre 2019

Lancement du programme Exploration Japon

L’ambassade de France au Japon ouvre le programme « Exploration Japon » pour soutenir la mobilité des chercheur·e·s d’institutions françaises, désireux d’établir un premier contact avec des équipes de recherche japonaises afin d’initier de nouvelles collaborations scientifiques franco-japonaises. Tous les domaines scientifiques sont concernés.

Date limite de candidature : 25 octobre 2019.

Evénement
Le Centre Japon porteur de la 4e édition d’Emerging Fields

Atelier préparatoire : 17-18 octobre 2019

En 2017, l’Association for Asian Studies (AAS) a lancé une initiative pour renouveler les travaux sur l’Asie : Emerging Fields. Dans ce cadre, le Centre de recherches sur le Japon (UMR8173 CNRS/EHESS/Univ. Paris Diderot) a été appelé à piloter le projet intitulé Technology and Social Sciences en Asia. Il sera mené sur trois ans – 2019-2021 – et animé par Aleksandra Kobiljski (CNRS/EHESS) en collaboration avec Francesca Bray (Université d’Edinburgh).
L’atelier préparatoire aura lieu à l’EHESS les 17 et 18 octobre 2019. Il réunira des spécialistes de SHS travaillant sur les techniques en Asie pour discuter de la place du savoir-faire dans les sociétés asiatiques de l’antiquité à nos jours.

Contact :
Aleksandra Kobilijski (UMR8173 CCJ)

GIS : Lettre de Juillet – Août 2019 Le cas du philosophe japonais KUKI Shûzô

La philosophie au carrefour de l’individuel, du national et de l’universel. Le cas du philosophe japonais KUKI Shûzô (1888-1941)

par Simon Ebersolt, ATER à l’Inalco et co-responsable du Groupe d’étude de philosophie japonaise (IFRAE), spécialiste de philosophie et d’histoire intellectuelle japonaises. Sa thèse de doctorat soutenue en 2017 a été récompensée par la mention spéciale du Prix PSL-Humanités, le Prix Richelieu de la Chancellerie des Universités de Paris, le Prix Okamatsu de la Société française des études japonaises et le Prix Shibusawa-Claudel.

La philosophie japonaise moderne n’est ni une simple réception passive de la philosophie occidentale, ni un simple reflet exotique de traditions « spécifiquement japonaises » ou « orientales » exprimées au moyen de concepts occidentaux. Elle a plutôt été constituée par un dialogue constant et patient que des philosophes ont entretenu avec des communautés philosophiques concrètes, celles du Japon et de l’Europe. Étant donné les intenses échanges entre les philosophes japonais modernes et l’Europe philosophique, l’histoire de la philosophie japonaise est un domaine d’étude fécond qui vise un champ de tension entre d’une part, la prétention de la philosophie, notamment d’individus-philosophes, à l’universalité conceptuelle et, d’autre part, les contacts entre des communautés nationales auxquelles ces individus appartiennent et qui sont caractérisées par des langues et des histoires dynamiques. Il s’agit autrement dit d’un champ de tension entre individus, nations et universel.

De ce point de vue, le cas de Kuki Shûzô 九鬼周造 est passionnant. Ayant étudié au Japon à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, mais aussi en Europe pendant sept ans (1921-1928), il a évolué entre différentes communautés nationales (ses langues d’écriture, le japonais, l’allemand et le français, expriment sa dimension inter-nationale). Il a revendiqué une certaine spécificité japonaise dans La structure de l’iki (1930), mais aussi une universalité conceptuelle dans Le problème de la contingence (1935). Il ne s’est pas contenté d’assister à des cours de philosophes européens ou de dialoguer avec certains d’entre eux, notamment Bergson, Koyré, Sartre, Husserl et Heidegger (qui se remémorera ses souvenirs de Kuki dans « D’un entretien de la parole »). Kuku était également bien intégré dans le monde intellectuel européen. Il est intervenu en 1928 à la Décade de Pontigny, qui incarnait à l’époque une sorte de République des Lettres. Il a même publié la même année en français un recueil de ses interventions à Pontigny, les Propos sur le temps.

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Contact :
Céline Bénéjean, chargée de communication web : celine.benejean@cnrs.fr

Copyright GIS Asie

Cycle de conférences par Makihara Shigeyuki

cnrs.jpgEn mars, le Centre Chine, Corée, Japon (UMR, CNRS-EHESS) accueillera Makihara Shigeyuki, professeur d’histoire japonaise à l’Université de Tokyo, spécialiste de l’histoire sociale du Japon prémoderne, qui s’intéresse en particulier aux statuts des groupes et individus du début de la période prémoderne.

Un cycle de conférences est prévu à cette occasion :

Caractéristiques générales et diversité des villages japonais de la fin du XVIe siècle – Jeudi 8 mars 2018, de 13h30 à 14h20 à l’Université de Lille 3

La fabrique des ninja : à propos des généalogies de vassaux du shôgun – Vendredi 9 mars 2018, de 9h à 11h – EHESS (salle 8) – 105 bd Raspail, Paris 6e

Les quartiers pauvres d’Edo – Mardi 13 mars 2018, de 17h à 19h – EHESS (salle 4) – 105 bd Raspail, Paris 6eLes femmes commerçantes dans les villes de l’époque d’Edo – Jeudi 15 mars 2018, de 11h à 13h – EHESS (salle 11) – 105 bd Raspail, Paris 6e
Les femmes commerçantes dans les villes de l’époque d’Edo – Jeudi 15 mars 2018, de 11h à 13h – EHESS (salle 11) – 105 bd Raspail, Paris 6e

« Échanges avec » Yoshida Toru – conférences sur les politiques européennes et japonaises

En février, le Centre Chine Corée Japon (UMR8173, CNRS-EHESS) accueillera Yoshida Toru, professeur des sciences politiques à l’Université de Hokkaido dont les recherches portent sur les politiques européennes et japonaises dans une approche comparative, en particulier sur le leadership politique et les partis politiques.

Une rencontre, réservée aux jeunes chercheur.e.s et organisée par la Fondation France-Japon en partenariat avec le GIS, est également au programme. Elle aura lieu le 15 février 2018, de 10h à 12h à l’EHESS (participation sur inscription). Cette séance fait partie du séminaire « Échanges avec… » du GIS.
Durant son séjour à Paris, Yoshida Toru donnera également un cycle de conférences :

Les Alternances et le système partisan japonais après les années ’90. Le 14 février 2018, de 13h à 15h à l’EHESS (54, bd Raspail, Paris).

Comprendre les populismes : perspectives européennes et japonaises. Le 14 février 2018, de 17h à 19h à l’EHESS (54, bd Raspail, Paris).

La participation politique chez les jeunes au Japon : Transformation ou retrait? Le 20 février 2018, de 18h à 20h à l’EHESS (54, bd Raspail, Paris).

Contact :
Fondation France-Japon – ffj@ehess.fr

 

Extrait de la lettre du GIS-Réseau Asie et Pacifique, septembre 2017 : Les Aïnous

Les Aïnous, peuple aborigène du Japon, face aux défis de la reconstruction identitaire

par Lucien-Laurent Clercq, maître de conférences invité à l’université de Hokkaidô, département des Médias et de la Communication, docteur en anthropologie sociale et ethnologie (EHESS)

La population aborigène aïnoue s’élève aujourd’hui officiellement à environ 25 000 personnes (les données officieuses portent cependant ce chiffre à 250 000 individus), dans un archipel japonais comptant 127,3 millions d’habitants. La grande majorité de ses membres réside à Hokkaidô, la deuxième plus grande île du Japon, peuplée de 5 700 000 habitants et s’étendant sur 83 500 km² en incluant ses terres irrédentes, les fameux territoires du Nord réclamés à la Russie par le Japon (hoppô ryôdo, comprenant les quatre îles Kouriles les plus méridionales : Kounachir, Itouroup, Chikotan et l’archipel des îles Habomai). Il existe également une diaspora aïnoue dont les membres se sont installés dans les principales agglomérations urbaines à travers Honshû pour y chercher du travail et fuir une discrimination longtemps endémique (environ 10 000 personnes vivraient aujourd’hui dans l’agglomération de Tôkyô).

Jusqu’à son annexion par le gouvernement de Meiji en 1868, ce grand territoire septentrional était connu du nom d’Ezo-chi, la terre des Ezo, une région étrangère peuplée par de mystérieux sauvages, dont la pointe la plus au Sud clôturait la lointaine bordure du jeune régime politique moderne japonais. Les rapports entre les Shamo (terme vernaculaire désignant les Japonais) et les Autochtones peuplant cette vaste étendue, qui se nomment eux-mêmes « Ainu » (les hommes) par opposition aux Kamuy, les divinités animistes de leur panthéon, et appellent leur terre Ainu moshiri (la terre des hommes, qui incluait jadis le nord de Honshu, Hokkaidô, les îles Kouriles, Sakhaline et la pointe du Kamchatka), s’inscrivirent longtemps, du point de vue nippon, dans la logique du ka i chitsujo, un système hérité de la Chine ancienne, puis repensé afin de s’adapter au modèle insulaire. Il s’articulait autour d’un centre civilisé et de sa périphérie faite d’une multitude de peuples barbares, dont le degré de sauvagerie s’amplifiait avec l’éloignement. En se basant sur cette situation particulière, certains spécialistes de l’historiographie japonaise ont positionné les Aïnous au même niveau que d’autres ressortissants de pays étrangers, au premier rang desquels figuraient d’importants partenaires commerciaux comme la Corée ou le Royaume des Ryûkyû, eux aussi colonisés par le passé. Ainsi, dès le début des relations entre les deux ethnies, les gens d’Ezo, regroupés en tribus de pêcheurs-chasseurs-cueilleurs, ne sont jamais apparus comme des membres du territoire national, même s’ils n’étaient pas non plus les ressortissants d’un pays tout à fait étranger, en raison de leur proximité géographique et de l’important négoce maritime qu’ils avaient institué entre plusieurs pays.

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Lettre du GIS-Réseau Asie et Pacifique – Février 2017 (extraits)

GIS Reseau AsieExtraits concernant le Japon.

Toyota victime du toyotisme
Pourquoi les sciences sociales ont encore beaucoup à apprendre de cette entreprise ?

par Stéphane Heim, docteur en sociologie de l’Université de Strasbourg (2011) et maître de conférences à l’Université de Kyôto depuis mars 2015.

Au début des années 1990, le constructeur automobile japonais, Toyota Motor Corporation (dans le texte, Toyota), jouit d’une popularité grandissante du fait de ses succès aux États-Unis et de son organisation productive, tantôt nommée le Toyota Production System, la Lean Manufacturing, le toyotisme ou la production juste-à-temps. Ce succès est largement attribué à ses instruments de gestion de production – le kanban (système d’inventaire et de livraison de pièces), le andon (outil de contrôle visuel de la production), le kaïzen (évolution permanente de l’organisation productive) et bien d’autres – qui consacrent une nouvelle mode managériale, celle de la réduction systématique et continue des coûts, inscrite dans les gènes de l’organisation. Cette mode managériale aux mille peaux est aujourd’hui appliquée dans des secteurs bien différents de la construction automobile tels que les hôpitaux ou les services postaux. Dès lors, ce ne sont plus les outils développés et mis en œuvre dans les ateliers de production de Toyota et de ses fournisseurs, mais la philosophie managériale du juste-à-temps qui triomphe, qui impose le temps du marché à celui de la production du bien ou du service, qui renverse la temporalité fordiste et son économie politique.

Étrangement, d’objet de curiosité, l’entreprise Toyota est devenue victime de son propre succès, le toyotisme. Alors que très vite, les chercheurs en sciences sociales de divers horizons se penchent sur cette philosophie managériale, l’entreprise Toyota comme objet d’étude tombe en désuétude. L’analyse rigoureuse du modèle productif de Toyota, de son environnement économique et institutionnel, de ses conditions d’applicabilité, des contraintes qu’il rencontre lorsqu’il ne dégage pas de marges comme en Europe, de sa relation salariale et des relations inter-sociétés est négligée. Pourtant tous ces éléments nous invitent à une réflexion théorique plus poussée sur la dichotomie entre l’entreprise comme espace de production d’une part, et la société comme cadre juridique du processus d’accumulation du capital de l’autre. C’est là que se situent les véritables leçons à tirer du « moment Toyota » dans l’histoire du capitalisme.

Pour beaucoup, l’entreprise moderne est une invention récente datant de la fin du XIXe siècle, celle de la corporation ou de la société en français, de la rationalisation grandissante de pans entiers de nos sociétés (au sens sociologique) dont Max Weber s’est fait l’observateur minutieux. Il nous est plus aisé de penser l’entreprise et ses frontières à partir de sa catégorisation juridique moderne – société anonyme, etc. – que de ses activités et la manière dont celles-ci sont segmentées, distribuées et contrôlées. Toutefois, la concentration de l’activité productive au sein de l’entreprise qui se substitue à la famille est le fruit d’un processus historique plus ancien, qui tire son origine de la propriété privée des capitaux et de la révolution commerciale initiée par les marchands du Bas Moyen Âge en Europe (du début du XIVe siècle à la fin du XVIe siècle).

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(…)

CONFÉRENCES, DÉBATS, SÉMINAIRES

▪ Séminaire Sur la création d’une nouvelle langue mathématique japonaise pour l’enseignement de la géométrie élémentaire durant l’ère Meiji (1868-1912). 16 février 2017, Lyon

(…)

▪ Publications

Le Shakuhachi japonais. Une tradition réinventée
Auteur : Bruno Deschênes
Éditeur : L’Harmattan
Parution : Janvier 2017

Parcours féministes dans la littérature et la société japonaises de 1910 à 1930. De Seitô aux modèles de politique sociale
Auteures : Christine Levy, Brigitte Lefèvre
Éditeur : L’Harmattan
Parution : Janvier 2017

Rubrique « Publications »
Rédaction :
GIS-Réseau Asie, bureau 624, 6e étage, 190, avenue de France 75013 Paris
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Liste de diffusion des Jeunes chercheurs en études asiatiques : ici

Directeur de la rédaction : Sébastien Lechevalier
Rédactrice : Malgorzata Chwirot
A participé à ce numéro : Stéphane Heim
©2017 GIS Asie / Réseau Asie et Pacifique | 190 avenue de France, 75013 Paris, France – https://www.gis-reseau-asie.org/

Lettre du GIS-Réseau Asie et Pacifique – Juin 2016

Sommaire
Congrès 2017

Conseil scientifique du 7 juin 2016
International

▪ Appel à communications pour la Conférence Internationale What is Asia? (Paris, septembre 2016)

▪ 14e colloque international de l’IdA L’Asie et les Amériques aujourd’hui (Paris, juin 2016)

Jeunes chercheurs

▪ Appel à communication How to study Asia in social sciences ? Some Methodological Reflections (Paris, décembre 2016)

▪ Appel à candidatures pour le Prix de thèse du GIS Asie 2016 (septembre 2016)

▪ Échanges avec Ngai Pun : Travailleurs migrants en Asie (Paris, juillet 2016)

Diffusion

▪ Publication : La fabrique de l’art au Japon. Portrait sociologique d’un marché de l’art, de Cléa Patin

▪ Article du mois : L’écriture de soi dans le Japon des Tokugawa, par Guillaume Carré

Membres du Réseau
Revues
Associations
Outil du mois
Actualités
***

Congrès 2017
2e Conseil scientifique 2016

Le prochain conseil scientifique du GIS-Réseau Asie se tiendra le 7 juin 2016. Il aura pour objet principal la préparation du congrès 2017.
International

Appel à communications
What is Asia? Changing Boundaries and Identities in Contemporary Asia
Paris, 26-27 septembre 2016

Organisée par le GIS Asie, cette conférence multilatérale et interdisciplinaire sera l’occasion d’échanger sur divers enjeux contemporains en Asie, avec un accent particulier sur l’évolution de ses frontières et de ses identités.

Voir l’appel

Rappel
14e colloque international de l’Institut des Amériques : L’Asie et les Amériques aujourd’hui

Le colloque international L’Asie et les Amériques aujourd’hui se tiendra :
– le 8 juin 2016 au Musée du Quai Branly (14 h 30 – 17 h 30)
– les 9 et 10 juin 2016 à l’ESSEC-Cergy (8 h 30 – 18 h 30).
Inscription obligatoire.

Voir le programme

Jeunes chercheurs

Appel à communications
How to study Asia in social sciences ? Some Methodological Reflections
Paris, décembre 2016

Les prochaines journées méthodologiques, organisées par les jeunes chercheurs du GIS Asie, se dérouleront à Paris les 5 et 6 décembre 2016.
Cette conférence permettra aux doctorants et post-doctorants travaillant sur l’Asie (en histoire, sciences politiques, relations internationales, économie, anthropologie et sociologie) de présenter leurs travaux de recherche et d’améliorer leurs approches théoriques et méthodologiques. Elle favorisera la collaboration et la création de projets de recherche transdisciplinaires sur l’Asie.

Voir l’appel

Appel à candidatures
Prix de thèse du GIS Asie 2016
Septembre 2016

Le GIS Asie organise en 2016 la première édition de son Prix de thèse sur l’Asie.
Sont éligibles des travaux soutenus en 2014 et 2015, dans toutes les disciplines des lettres et sciences humaines et sociales et portant sur l’Asie.
Trois prix, d’une valeur de 2000€ chacun, seront attribués par le jury, composé de membres du conseil scientifique du GIS.

Date limite de dépôt : 30 septembre 2016

Voir l’annonce et les conditions générales de candidature

Échanges avec Ngai Pun
Les travailleurs migrants en Asie
Paris, juillet 2016

En juillet prochain, Ngai Pun du département des sciences sociales appliquées à l’Université polytechnique de Hong Kong, sera présente à Paris en tant que professeure invitée par l’Université Sorbonne Paris Cité. Anthropologue du travail, dont les travaux sur les travailleurs migrants en Asie ont fait date, elle animera une rencontre sur ce thème avec les jeunes chercheurs (doctorants, post-doctorants), le 11 juillet 2016.

Les personnes souhaitant y participer sont invitées à s’inscrire avant le 25 juin 2016.

Voir l’annonce et les modalités d’inscription
Diffusion
Patin Art Japon

Publication
La fabrique de l’art au Japon. Portrait sociologique d’un marché de l’art.

De Cléa Patin
Dans la collection « Études Asie & Pacifique » chez CNRS Éditions. Mai 2016.

Le jour anniversaire de la naissance de Van Gogh, le 30 mars 1987, une compagnie d’assurances japonaise achète ses Tournesols pour 24,7 millions de livres. L’argent japonais déferle sur l’art mondial. En trente ans à peine, collection, spéculation et krach vont faire du Japon un marché de l’art unique, primordial et atypique. Nul autre pays ne peut s’enorgueillir d’une telle variété de circuits artistiques, de réseaux de marchands. Nul autre n’a pu déployer autant d’expositions de premier plan dans les musées ou dans les grands magasins, en échafaudant de complexes et profitables partenariats avec des mécènes privés et les quotidiens nationaux.
Dans cette enquête sociologique rigoureuse, l’auteur dresse un état des lieux de la vente des œuvres d’art, en examinant les positions et les interdépendances de l’ensemble des acteurs. Elle revient aussi sur les grandes étapes historiques constitutives de cet univers, dévoilant les rouages du « rattrapage culturel » qui a poussé à la création de nombreux musées, à l’investissement public et philanthropique, et à la modernisation du marché de l’art. Cléa Patin analyse en particulier la formation, puis l’explosion dévastatrice de la bulle spéculative des quinze dernières années du XXe siècle. Et nous livre ici une réflexion délicate sur la manière dont les Japonais appréhendent le risque économique et la culture.

Cléa Patin est maître de conférences à l’université Jean Moulin dans le département des études japonaises. Sa thèse de doctorat menée conjointement à l’Université de Tokyo et à l’EHESS, a reçu le prix Shibusawa-Claudel 2013.
Voir l’annonce

article-160601-biographie-enomoto-gm

Les premières pages de l’autobiographie d’Enomoto Yazaemon

Article du mois
L’écriture de soi dans le Japon des Tokugawa
par Guillaume Carré, de l’EHESS

L’effacement de l’individu japonais devant les logiques implacables du groupe est un cliché inlassablement ressassé sur la société de l’archipel, comme l’a fait remarquer Emmanuel Lozerand, professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) dans un article récent de la revue EBISU. Son amusant florilège des discours sur la «dilution du sujet» japonais montre que ce préjugé sert bien souvent d’explication commode aux vertus ou aux tares prêtées à la nation japonaise. Pourtant, pour l’historien, le Japon constitue une mine de témoignages individuels d’une richesse exceptionnelle. Depuis des temps reculés, des Japonais ont en effet tenus des journaux (nikki), rédigés des essais (zuihitsu), et certaines des œuvres les plus anciennes et les plus célèbres des lettres japonaises, comme le Journal de Murasaki Shikibu ou les Notes de chevet de Sei Shônagon affichent une subjectivité de l’auteur, où, il est vrai, il est difficile de faire la part de la construction littéraire.

L’usage de tenir un journal s’est répandu dans la population avec les progrès de la pratique de l’écriture, et à l’époque d’Edo, entre les XVIIe et XIXe siècles, c’était une habitude courante pour des hommes et des femmes de toutes conditions. Ces notes journalières font toutefois une place très variable à l’expression des sentiments intimes des rédacteurs, qui bien souvent, se contentent d’enregistrer des événements singuliers ou routiniers, sans trop de commentaires.

Un autre type de « document du for privé » peut sembler plus susceptible d’exprimer une présence plus affirmée de l’auteur : l’autobiographie. Cependant, tout comme en Europe, cette forme d’écriture demeure rare au Japon avant l’époque contemporaine. À partir de l’ère Meiji de nombreuses autobiographies y furent publiées, et l’influence occidentale dans ce phénomène éditorial est évidente. On en a écrit cependant bien avant l’ouverture des ports, si du moins, on ne restreint pas la définition de ce genre à un exhibitionnisme ou un narcissisme plus ou moins complaisant, comme le voudrait notre époque d’ « egolâtrie ». On peut même en trouver des préfigurations assez anciennes au Japon, mais là encore, c’est l’époque d’Edo qui nous fournit le plus d’exemples.

Il faut dire que sous les Tokugawa, les pouvoirs féodaux imposaient de justifier régulièrement les mérites individuels et familiaux par la production de sortes de curriculum vitae et de généalogies relatant les biographies des membres d’une maisonnée sur plusieurs générations. Quiconque souhaitait maintenir une position sociale et celle de sa famille, avait donc intérêt à conserver des traces de son existence. La transmission entre les générations est d’ailleurs un élément central des autobiographies au Japon, qui commencent fréquemment par un rappel des origines familiales. De plus le prétexte de l’écriture autobiographique réside communément dans l’éducation des générations postérieures. Quoiqu’il en soit du mobile réel, c’est une justification qu’on trouve aussi couramment alléguée dans l’Europe préindustrielle, par exemple par Blaise de Monluc ou Agrippa d’Aubigné.

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Membres du Réseau
Nouveaux membres

▪ Anne-Lise MITHOUT, post-doctorante (Université de Strasbourg), Zone géographique étudiée : Japon, Disciplines : sociologie, démographie, Thème de recherche : disability, education for disabled children, social welfare for people with disability, social representations of disability.

▪ Alice VITTRANT, enseignant-chercheur (Université Aix-Marseille), Zones géographiques étudiées : Asie, Asie du Sud-Est, Disciplines : linguistique, sciences du langage, Thèmes de recherche : Birman, Hmong, aire linguistique Asie du Sud-Est ; expression de l’espace ; langue en danger.

▪ Jérôme DOYON, doctorant (Sciences Po), Zone géographique étudiée : Chine, Disciplines : anthropologie, ethnologie, sciences politiques, sociologie, démographie, Thème de recherche : Communist Youth League.

▪ Alexis D’HAUTCOURT, enseignant-chercheur (Université des Langues Étrangères du Kansai), Zone géographique étudiée : Asie, Disciplines : archéologie, préhistoire, histoire, histoire de l’art, lettres et civilisation, linguistique, sciences du langage, Thèmes de recherche : Japanese circus and music-hall artists travelling and working in France ; Contacts between the Mediterranean area and Eastern Asia in the Hellenistic period and under the Roman Empire.

▪ Andreea Ioana BUDEANU, doctorante (INALCO), Zone géographique étudiée : Chine, Disciplines : relations internationales, géopolitique, sciences politiques, Thème de recherche : China – Central and Eastern Europe Relations.

→ L’annuaire présente les profils des membres du Réseau Asie et Pacifique ; en s’identifiant sur cet annuaire, chaque membre a la possibilité de mettre à jour ses informations.
→ Faire apparaître votre profil enrichi, et à jour, vous permet d’être identifié au sein de la communauté des chercheurs en études asiatiques.
→ Si vous changez de courriel, signalez le en écrivant à : communication@gis-reseau-asie.org, pour continuer à recevoir la lettre.
Revues
eu-china observer116-1
EU-China Observer, n° 1/2016

Ce premier numéro est une compilation de six contributions au sujet du statut de l’économie de marché en Chine.
samaj g

Credits : Katy Gardner
South Asia Multidisciplinary Academic Journal n° 13/2016

Ce nouveau numéro, intitulé Land, Development and Security in South Asia est co-édité avec l’European Association for South Asian Studies (EASAS).
CANF
Anthropological Forum n° 26 (1/2016)

Trois articles sur cinq traitent de l’Asie ou du Pacifique (Vanuatu, Singapour, Thaïlande).
35734
Sociology of Islam n° 4 (1-2/2016)

Plusieurs articles de ce numéro, intitulé China, Islam and the Middle East, soulèvent des aspects historiques des relations entre la Chine et le Moyen-Orient et l’histoire du salafisme en Chine.
Associations
AFEC-
Association française d’études chinoises (AFEC)

Journée d’études : Portraits de familles, le samedi 4 juin 2016 à l’INALCO, 65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris (Salle 3.05).
Site
logo
Comptoirs de l’Inde

Deux expositions sur l’Inde, du 30 mai au 7 juin (aux horaires de la Mairie) dans la Salle des Fêtes de la mairie du 20e :
1. Les peintures des Femmes du Mithila (État du Bihar)
2. Exposition collective de Photos Calcutta nuit et jour.
Site
seechac
Société européenne pour l’étude des civilisations de l’Himalaya et de l’Asie centrale (SEECHAC)

Conférence Archives tibétaines de la région himalayenne: un trésor inattendu le 28 juin 2016 – Salle de conférence du Musée Cernuschi, 7 av. Vélasquez, 75008 PARIS.
Site
Outil du mois
bandeau humanum

Huma-Num est une très grande infrastructure de recherche (TGIR) visant à faciliter le tournant numérique de la recherche en sciences humaines et sociales.
Elle développe un dispositif technologique unique permettant le traitement, la conservation, l’accès et l’interopérabilité des données de la recherche.
Elle propose à tous les chercheurs en sciences humaines et sociales :
• Une plate-forme d’accès nommée ISIDORE, service qui collecte (« moissonne »), enrichit (en trois langues) et trouve des sources de données des SHS. Elle permet d’accéder à plus de trois millions de documents numériques.
• Un ensemble de services permettant de transformer ou d’analyser des données numériques.
• L’Archivage à long terme réalisé grâce aux infrastructures et compétences du Centre Informatique National de l’Enseignement Supérieur (CINES).

La TGIR Huma-Num porte la participation de la France dans le projet européen DARIAH (Digital Research Infrastructure for the Arts and Humanities) en coordonnant les contributions nationales.
La TGIR Huma-Num est portée par une Unité Mixte de Services associant le CNRS, l’Université d’Aix-Marseille et le Campus Condorcet.
Actualités

Retrouvez toutes les annonces sur le site du GIS – Réseau Asie.
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L’équipe du GIS – Réseau Asie valide chaque annonce, qui est alors publiée sur le site, et part également vers les 590 abonnés de notre compte Facebook et les 1 119 abonnés de notre compte Twitter.
Evénements scientifiques

CONFERENCES, DEBATS, SÉMINAIRES

▪ Littératures d’Asie du Sud – séminaire mensuel du projet DELI. 3 juin 2016, Paris 13e

▪ Continuing Denial of the Victimization of Women: Japan’s military sex slaves in World War II. 1 juin 2016, Paris 6e

▪ Colloque international: Les relations entre la Corée et la France du 19ème au 21ème siècle. 10 juin 2016, Nantes

▪ The Cultural Revolution Today: Literature, Film, and Cultural Debates. 2 juin 2016, Hong Kong

▪ New Reforms of Social Management in Tibet: A Test-Laboratory for China? 2 juin 2016, Paris 6e

▪ Media Activism and Postcolonial Futures. 13 juin 2016, Hong Kong

▪ 10e réunion annuelle du réseau DocAsie – Les fonds asiatiques à l’ère du numérique. 22-24 juin 2016, Paris

▪ L’Asie et les Amériques aujourd’hui. 8-10 juin 2016, Paris

▪ Thinking Migration to Rethink the World / Penser les migrations pour repenser la société. 21-24 juin 2016, Poitiers

▪ Séminaire ‘Sociétés, politiques et cultures du monde iranien’. 9 juin 2016, Paris 3e

▪ India-China Conference @ PSE. 8-9 juin 2016, Paris 14e

Rubrique « Événéments scientifiques »
Appels, Offres

APPELS A PROJETS
– Appel à candidatures : Programme Procore 2017. 3 juin 2016
– Appel à traductions : Revue Jentayu n° 5 – Woks et Marmites. 18 novembre 2016

APPELS A COMMUNICATIONS
– Géopolitique du boom rizicole. Reconfigurations, nouvelles dynamiques, nouveaux enjeux. 30 juin 2016
– Ming Qing Studies 2017. 30 juin 2016
– Justices spécialisées et justices d’exception dans l’espace colonial (16e – 20e siècles). 30 juin 2016
– Les Studies à l’étude : Savoirs, trajectoires, politiques. 15 juin 2016
– Chinese classical thought and contemporary politics. 30 juin 2016

EMPLOIS, BOURSES, STAGES, PRIX

▪ Chercheur au sein du domaine de recherche « Pensées stratégiques comparées». Date limite : 15 juin 2016

▪ Fellowship: Trans-border Cooperation in East Asia at the Regional/Global Interface. Date limite : 12 juin 2016

▪ Résidences de recherche EURIAS 2017/2018. Date limite : 8 juin 2016

▪ CFA The Jonathan T. Yeh Award for Student Scholarship in Asian and Asian American Folklore. Date limite : 1er juin 2016

▪ 3 allocations doctorales. Date limite : 17 juin 2016

▪ Prix de thèse 2016 – Musée du quai Branly. Date limite : 3 juin 2016

▪ Position, Open Rank, Chinese History, City University of Hong Kong. Date limite : 30 juin 2016

▪ Position, Postdoctoral Fellowships (Research Associate) in Modern East Asian History, Cambridge University. Date limite : 27 juin 2016

▪ Position, Tenure-Track Assistant Professor in Chinese Literature, University of Hong Kong. Date limite : 13 juin 2016

▪ Position, Tenure-Track Assistant Professor in Chinese History and Culture, University of Hong Kong. Date limite : 13 juin 2016

▪ Position, Tenure-Track Professor in Chinese Linguistics, University of Hong Kong. Date limite : 13 juin 2016

▪ Position, Tenure-Track Professor in Chinese History, University of Hong Kong. Date limite : 13 juin 2016

▪ Position offered: Post-doctoral Researcher. Date limite : 1er juin 2016

▪ 3-year Postdoc (80% position) in Modern Japanese History. Date limite : 26 juin 2016

Rubrique « Appels, Offres »
Ouvrages
Couverture

Le chinois…comme en Chine 2. Méthode de langue et d’écriture chinoises. Niveau B1
Auteur : Bernard ALLANIC
Éditeur : Presses universitaires de Rennes
Parution : Mai 2016

Soleil levant. Les voyageurs d’Albert Kahn à la rencontre du Japon, 1898-1930
Auteur : Yaelle ARASA
Éditeur : L’Harmattan
Parution : Mars 2016

Les Rohingya de Birmanie. Arakanais, musulmans et apatrides
Auteur : Gabriel DEFERT
Éditeur : Éditions Arkuiris
Parution : Mai 2016

Le christianisme à l’épreuve du Japon médiéval ou les vicissitudes de la première mondialisation
Auteur : Nathalie KOUAME
Éditeur : Karthala
Parution : Mai 2016

Lectures et usages de la Grande Etude
Auteurs : Anne Cheng, Damien Morier-Genoud, Collectif
Éditeur : Collège de France – Institut des hautes études chinoises
Parution : Janvier 2016

Le Japon et l’Islam. Un pragmatisme partagé
Auteur : Bassam TAYARA
Éditeur : Compte d’auteur
Parution : Avril 2016

The Archaeology of Bhakti II. Royal Bhakti, Local Bhakti
Auteurs : Emmanuel Francis, Charlotte Schmid, Alf Hiltebeitel, Vishwa Adluri, Joydeep Bagchee, Greg Bailey, Padma Kaimal, Caleb Simmons, S.A.S. Sarma, Tiziana Leucci, Sudalaimuthu Palaniappan, Nicolas Cane, Leslie Orr, Lisa Owen, Valérie Gillet, Uthaya Veluppillai
Éditeur : EFEO / IFP
Parution : Mai 2016

Rubrique « Publications »
***

Rédaction :
GIS-Réseau Asie, bureau 624, 6e étage, 190, avenue de France 75013 Paris
01 49 54 83 35
Courriel : communication@gis-reseau-asie.org

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Compte Facebook : GIS – Réseau Asie & Pacifique
Compte Twitter : GIS-Réseau Asie&Pac.
Liste de diffusion des Jeunes chercheurs en études asiatiques : ici

Directeur de la rédaction : Sébastien Lechevalier
Rédactrices : Malgorzata Chwirot / Marine Sam
A participé à ce numéro : Guillaume Carré

Les Japonais au Tibet au début du 20e siècle par Corinne Atlan

Article présenté dans la Lettre du GIS-Réseau Asie et Pacifique de Mai 2016. Voir l’article sur le site

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Intronisé à l’âge de trois ans en 1879, le XIIIe Dalaï-lama, surnommé par la suite « Le Grand Treizième », restera jusqu’à sa mort en 1933 le chef temporel et spirituel du Tibet. Soucieux de faire respecter les frontières et préserver l’indépendance d’un territoire qui représente un enjeu commercial et stratégique pour les Britanniques et les Mandchous, puis à partir de 1912 pour la jeune république de Chine, il fera son possible pour moderniser son pays et le doter d’une armée digne de ce nom.
Dirigé par une oligarchie bouddhiste et fermé aux étrangers, le Tibet attire aussi aventuriers, espions, explorateurs, missionnaires, qui n’ont de cesse de pénétrer dans ce pays interdit. Les Japonais – physiquement moins repérables que les occidentaux – seront les premiers à y entrer, souvent sans grande préparation, et à titre purement individuel, car le gouvernement de Meiji, occupé par le contrôle de la Corée et la conquête de Formose (1895) puis la guerre avec la Russie (1904-1905), ne manifeste aucun intérêt pour le « Toit du monde ». Les Anglais, eux, cartographient méthodiquement le pays en y envoyant des espions originaires des marches de l’empire britannique des Indes. Ils préparent ainsi l’expédition Younghusband qui, après avoir massacré en chemin la petite armée tibétaine (en décembre 1903, trois batailles décisives – mitrailleuses contre épées vétustes – feront 1 000 morts tibétains soit un tiers des effectifs, contre des pertes britanniques minimes) entrera en 1904 à Lhassa, exigeant la signature d’accords commerciaux et contraignant le Dalaï-Lama à l’exil – une manière forte que les Mandchous s’empresseront d’imiter en 1909.
Les premiers visiteurs japonais, Nomi Kan et Kawaguchi Ekai n’ont, eux, aucun objectif militaire. Tous deux ont eu pour maître Nanjo Bunyu (1849-1927), pionnier des études bouddhiques japonaises et ancien élève de l’orientaliste Max Müller en Angleterre dans les années 1870. Sans se connaître, ces deux moines bouddhistes animés d’une foi fervente entreprennent dès 1899 un voyage vers le Tibet interdit, l’un à partir de la Chine, l’autre à partir du Népal, dans le but d’en rapporter d’anciens soûtras tibétains.

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Corinne Atlan
Traductrice de littérature japonaise, romancière, essayiste et conférencière

Lettre de Mars 2016 du GIS Réseau Asie – Info Japon

GIS Reseau AsieConsultez l’intégralité de la lettre mensuelle du GIS Réseau Asie sur son site web :
https://www.gis-reseau-asie.org/abonnement-lettre
Article du mois

Maruyama Masao et la pensée japonaise d’après-guerre
Bernard Stevens Université de Louvain-la-Neuve (Belgique)

Maruyama masaoSi les noms de Nishida et de ses disciples de l’école de Kyôto sont aujourd’hui connus en pays de langue française, le paysage philosophique japonais récent reste encore largement ignoré. Que savons-nous du succès de la pensée marxiste dans l’immédiat après-guerre, au moment du déclin de l’école de Kyôto ? Que savons-nous des existentialistes japonais dans la mouvance sartrienne durant les années 1950-1960 ? Que savons-nous de l’immense productivité des commentaires japonais sur quasiment tous les courants philosophiques occidentaux les plus novateurs ?…

Pour schématiser à l’extrême une situation évidemment plus complexe, on pourrait dire qu’à l’école de Kyôto 京都学派, dominant le paysage philosophique d’avant guerre, succède l’influence du Nihon Tetsugakukai 日本哲学会 (« Société philosophique du Japon »), animé principalement par l’Université de Tôkyô et fortement tributaire d’un marxisme qui se relève glorieusement des persécutions durant les années sombres du militarisme, en même temps qu’il manifeste la pleine liberté de pensée d’un Japon soucieux de se reconstruire sur des bases solidement démocratiques. Le courant marxiste japonais d’après 1945, exerçant une véritable fascination sur la quasi totalité des intellectuels, est alors beaucoup plus ouvert aux travaux soviétiques que ne l’est, à la même époque, une Europe meurtrie par la guerre froide, pour ne pas parler d’une Amérique en proie au maccarthysme. Son évolution le montre cependant désireux de dépasser la rigidité idéologique du marxisme-léninisme orthodoxe et de réévaluer la dimension humaniste du matérialisme historique, dont témoignent notamment les textes du jeune Marx. C’est dans ce contexte qu’apparaît une réflexion sur le modernisme et le rapport problématique que le Japon a pu entretenir avec ce dernier. Parmi les penseurs les plus originaux de cette mouvance, on voudra peut-être retenir, en ordre d’éloignement croissant par rapport à l’orthodoxie marxiste : Hiromatsu Wataru, Yoshimi Takeuchi et Mutai Risaku.

Loin derrière la mouvance marxiste on note, dès le milieu des années 1950, un intérêt pour la philosophie analytique surtout américaine, des études portant sur l’épistémologie, sur l’éthique, ainsi qu’une masse considérable de travaux spécialisés consacrés à l’histoire de la philosophie occidentale — l’accent portant en particulier sur l’antiquité grecque et l’Europe médiévale (l’Université Sophia de Tôkyô jouera ici un rôle décisif). Cependant, aucun de ces travaux n’a sérieusement retenu l’attention de quiconque à l’extérieur du Japon.

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Lettre mensuelle d’information du GIS Asie – Réseau Asie & Pacifique, janvier 2016

Lettre de janvier 2016

Veuillez retrouver cette même lettre dans sa version intégrale ICI sur le site GIS Asie – Réseau Asie & Pacifique

Sommaire

Vie du GIS

• 2015 : Une année avec le GIS Asie
• Le GIS recrute

Congrès
• Appel aux coordinateurs d’ateliers au 5e Congrès Asie et Pacifique 2015 (Rappel)
• « Le patrimoine au Cambodge, de la destruction du matériel et de l’immatériel à la construction de l’identité » (Atelier H 1)
Jeunes chercheurs

• Échanges avec des chercheurs internationaux sur le thème de l’alimentation en Asie
• Appel à communications pour les deuxièmes rencontres nationales des jeunes chercheur.e.s en études asiatiques : « La chair de l’Asie. Corps contraints et rationalisation des individus au sein des sociétés orientales. » (Rappel)
Membres du Réseau

• Disparition de Louise Beyrand
• Nouveaux membres
(…)
___________________________

Vie du GIS
2015 : Une année avec le GIS Asie

L’année 2015 a été marquée par la continuité des efforts du GIS en matière d’internationalisation des études asiatiques française et d’actions en faveur des jeunes chercheurs. Ces deux axes de travail restent les priorités du GIS. La tenue du 5e Congrès Asie et Pacifique 2015 a été un évènement majeur de l’année et un grand succès. Les étrangers (25 %) et les jeunes chercheurs (40 %) y ont d’ailleurs participé en nombre. En 2015, le GIS a également finalisé le livre blanc sur les études asiatiques, notamment le travail quantitatif entrepris en 2014.

1. Livre blanc :
Le fichier du site www.theses.fr ne permet pas d’isoler les thèses portant sur l’Asie. Le GIS a effectué ce travail pour aller au-delà du constat qualitatif. Il a recensé environ 6 500 thèses soutenues depuis les années 1970 et étudié le devenir d’un quart des docteurs (chercheurs en poste ou non).
Un travail important a été réalisé sur la qualité des données, permettant de constituer une base, qui sera consultable en ligne sur le site internet du GIS à compter de début 2016.
Le CNRS prévoit d’organiser en 2016 une restitution des livres blancs des trois GIS : Asie, Moyen-Orient et mondes musulmans, et Afrique, pour mettre en avant ce qui a été fait sur les aires culturelles depuis quelques années.

2. Congrès du GIS Asie :
Le congrès s’est tenu début septembre à l’Inalco, Institut national des langues et civilisations orientales (institution membre du GIS). Il a été organisé selon les standards internationaux par le GIS, au nom de ses 21 partenaires. Le conseil scientifique s’est chargé de l’évaluation des propositions et de la conception du programme. L’équipe administrative du GIS a réalisé les inscriptions, la communication, et l’organisation logistique du congrès. L’affluence a été au rendez-vous, avec un total de 800 participants et 150 sessions d’ateliers réparties en 19 thématiques. La prochaine édition aura lieu en 2017. Un appel à candidature va être lancé pour héberger le 6e congrès.

3. Internationalisation des études asiatiques françaises :
Lors du congrès, une dizaine de personnalités étrangères ont donné des conférences plénières afin d’assurer une dimension internationale à la manifestation. Plusieurs d’entre elles ont des responsabilités éditoriales dans de grandes revues anglo-saxonnes. Leur présence a permis d’encourager les chercheurs francophones qui les ont rencontrées à publier en anglais.
Le GIS a renforcé son réseau de partenaires européens notamment au travers de l’élaboration d’un projet COST, European Cooperation in the field of Scientific and Technical Research (non sélectionné). Les efforts dans ce sens vont se poursuivre avec l’arrivée en 2016 d’un responsable de la coopération internationale au GIS Asie, qui fera une veille en matière d’appels à projets susceptibles d’intéresser les chercheurs des aires culturelles et mènera des actions prospectives pour renforcer les collaborations avec les chercheurs étrangers.

4. Actions en faveur des jeunes chercheurs :
En 2015, les jeunes chercheurs ont organisé 3 événements à Lyon (journées méthodologiques), Bordeaux (journées scientifiques) et Paris (soirée au musée Cernuschi). Fin 2015, ils ont constitué un bureau des jeunes chercheurs du GIS, composé de 8 personnes.
Les jeunes chercheurs ont pris part aux activités en lien avec l’internationalisation qui leur sont dédiées : « Echanges avec » des chercheurs invités étrangers qui travaillent dans leur domaine ; programme d’aide pour se rendre à des colloques internationaux. Une série d’initiatives est en préparation pour répondre aux besoins des jeunes chercheurs en anglais, afin de présenter leurs travaux à l’oral (colloques), comme à l’écrit (publications).
En 2016, le GIS va s’investir dans la préparation et l’organisation d’un prix de thèse, qui récompensera plusieurs lauréats. Ce dossier sera l’un des grands chantiers de l’année. Le GIS envisage de coupler ce prix avec une publication des thèses chez CNRS Éditions. En 2015, le GIS a soutenu le prix de thèse de l’AFEC, Association française d’études chinoises.

5. Diffusion :
La collection de DVD « Paroles d’Asie » s’enrichit d’un nouvel entretien avec Marie-Claire Bergère, disponible auprès de CNRS Images, tout comme les titres précédents.
Le catalogue de la collection « Études Asie et Pacifique » du GIS chez CNRS Éditions s’enrichit également de trois nouveaux titres « Territoires de l’urbain en Asie. Une nouvelle modernité ? » (nov. 2015), « La fabrique de l’art au Japon. Portrait sociologique d’un marché de l’art » (à paraître début 2016) et « Les entreprises chinoises et la mondialisation. Haier, Huawei et TCL » (à paraître début 2016). La collection est ouverte aux propositions de manuscrits des chercheurs et jeunes chercheurs du GIS, qui met à disposition les services d’un éditeur (jusqu’à 4 à 5 ouvrages par an).
Le GIS diffuse une lettre mensuelle d’information. Il recense sur son site les événements scientifiques dans le domaine des études asiatiques, ainsi que les appels d’offre et annonces de recrutement. Il possède également des comptes Facebook et Twitter, ainsi qu’une liste de diffusion dédiée aux jeunes chercheurs. En 2015, l’équipe du GIS a travaillé à la conception et la réalisation du nouveau site internet du GIS, qui sera lancé en 2016.
Le GIS recrute

Dans le cadre de la campagne de mobilité interne du Centre national de la recherche scientifique, le GIS recrute pour son unité support :
– un(e) responsable de la coopération internationale (détails du poste)
– un(e) secrétaire d’édition. Ce poste est également ouvert aux fonctionnaires hors CNRS (détails du poste).
Dates limites : 14 janvier 2016.

Congrès
Appel aux coordinateurs d’ateliers au 5e Congrès Asie et Pacifique 2015

Le GIS propose aux doctorants et post-doctorants qui ont coordonné des ateliers au 5e congrès Asie et Pacifique 2015 de lui faire parvenir une synthèse de l’atelier (3 000 signes maximum, à marine.sam@cnrs.fr), en vue d’une diffusion chaque mois dans la lettre du GIS-Réseau Asie et Pacifique.

Dans le cadre de l’appel à contribution du GIS Asie, nous avons souhaité réunir un panel transdisciplinaire de chercheurs autour de la question du patrimoine au Cambodge : géographe, historien de l’art, ethnologue, historien et anthropologues étaient invités à proposer une définition de ce terme dans le cadre de leurs recherches en privilégiant des exemples issus de leurs terrains. Nous souhaitions ainsi nous interroger sur les formes multiples de l’appartenance et de l’appropriation culturelles dans le contexte parfois dramatique de la construction de l’identité cambodgienne. En effet, victime de nombreuses formes de prédation et de destruction, le patrimoine cambodgien est également sujet à une certaine forme de standardisation dans le contexte d’expansion du marché touristique. Nous avons ainsi proposé comme problématique le rapport entretenu entre l’objectivation matérielle des enjeux d’appartenance et leur inscription dans les territoires et la notion d’intangible ou d’immatériel propre à la conscience identitaire.
Introduite par M. Ang Chouléan, la session d’étude débutait par l’évocation de certaines manifestations patrimoniales qui s’affranchissent des catégories du matériel et de l’immatériel, et notamment à travers la nature complexe des manifestations artistiques temporaires comme les réalisations éphémères dans le cadre de rituels collectifs. Si tant la cérémonie que les œuvres qui lui sont associées sont objets d’identification cultuelle, l’inscription dans le temps et l’espace se fait moins par la pérennisation de traces culturelles qu’à travers le renouvellement du geste rituel lui-même, phénomène également interrogé par Marie Aberdam dans le cadre de l’étude des chantiers de vatt à l’époque coloniale. Il apparait en effet que le bâti votif ne se construit pas comme un patrimoine intangible mais renaît successivement à travers les œuvres réinvesties de génération en génération. Téphanie Sieng évoquait à l’inverse les territoires d’appropriation culturelle à Ratanakiri où le sanctuaire bouddhique se trouve au cœur des phénomènes d’appropriation foncière en tant que marqueur identitaire des communautés khmères en terres tampuans. Sophie Biard questionnait d’autre part le désinvestissement éventuel d’objets exclus de ces phénomènes de renouvellement rituel tels que les statuts entrées dans les musées. Investies d’une double nature historique et religieuse, celles-ci sont cependant toujours l’objet de cérémonies et de cultes. Le patrimoine au Cambodge s’inscrirait donc moins dans des formes patrimoniales que dans des actes performatifs : Francesca Billeri présentait ainsi les ruptures occasionnées par une distinction arbitraire des éléments culturels, techniques et religieux et des valeurs qui leur sont associées dans le cas de la musique de mariage, notamment à travers l’évolution des conditions de performance. Ces distinctions et dissociations des éléments d’une culture en séquences propres à la représentation dite artistique diluent alors le sens propre à un geste patrimonial. Frédéric Bourdier explorait ainsi la standardisation du patrimoine des Tampuan de Ratanakiri par la fabrique d’un portrait culturel dans le cadre d’un reportage à vocation touristique de la télévision khmère. À travers le regard des Tampuan eux- mêmes sur le documentaire, il souhaitait comprendre les enjeux de cette forme de représentation culturelle pour les populations dans le cadre des conflits fonciers propres à cette région.

L’atelier H 1 dans le programme du congrès
Jeunes chercheurs
Échanges avec des chercheurs internationaux sur le thème de l’alimentation en Asie

Le cycle « Échanges avec », où les doctorants et jeunes chercheurs présentent leur travail à une ou plusieurs personnalités étrangères (chercheurs invités dans un des laboratoires du GIS), se poursuit.
Une séance est prévu le vendredi 19 février 2016 de 9 h à midi, sur le thème de l’alimentation en Asie, considérée en particulier sous les angles de l’industrialisation et de la globalisation.
Les chercheurs présents seront Xin Yuan Zhang (University of Tokyo), Ann Veeck (Western Michigan University), Françoise Sabban (EHESS), Ted Bestor (Harvard University) et Katarzyna Cwiertka (Leiden University).
Inscriptions : marine.sam@cnrs.fr
Il est nécessaire d’envoyer une présentation de son sujet de recherche en cours (en page en anglais maximum).
Date limite d’inscription : 10 février 2016.
Lieu : Salle CNRS 640, 6e étage, noyau A, 190 avenue de France, 75013 Paris.
Appel à communications pour les deuxièmes rencontres nationales des jeunes chercheur.e.s en études asiatiques : « La chair de l’Asie. Corps contraints et rationalisation des individus au sein des sociétés orientales. »

Les deuxièmes rencontres nationales des jeunes chercheurs en études asiatiques se dérouleront à Aix-Marseille Université les 12 et 13 mai 2016. Elles sont organisées avec le soutien du GIS Asie – Réseau Asie & Pacifique et de l’Institut de Recherches asiatiques (Aix Marseille Université). L’appel concerne tous les pays d’Asie.
Date limite : 20 janvier 2016
Consulter l’appel détaillé
Membres du Réseau
Photo debroux philippe

© P. Debroux
Disparition de Louise Beyrand

Doctorante en anthropologie sociale à l’université de Strasbourg en cotutelle avec Leiden University (Pays-Bas), Louise Beyrand membre du laboratoire SAGE et du Réseau Asie et Pacifique, faisait partie du groupe des jeunes chercheurs en études asiatiques du GIS Asie. C’est avec tristesse que nous avons appris sa disparition soudaine le 23 décembre 2015 d’un malaise cardiaque. Voici l’hommage que lui rend Pierre Le Roux, son directeur de thèse.
Hommage

Nouveaux membres

▪ Sara Legrandjacques (Université Panthéon-Sorbonne – Paris I), Inde, Vietnam, Laos, Cambodge, Inde, Europe, doctorante : Mobilités des étudiants en Asie (1880-1947) : une étude croisée Indochine française et Inde britannique.

→ L’annuaire Eurasiane présente les profils des membres du Réseau Asie et Pacifique. Chaque membre en s’identifiant sur cet annuaire a la possibilité de mettre à jour ses informations.
→ En cas de changement de courriel, pour continuer à recevoir la lettre, les membres sont invités à en informer Marine Sam : marine.sam@cnrs.fr .

Revues
(…)

Parution de Ebisu – Études japonaises n° 52

ebisu_52-small250.pngCe numéro a pour titre : « Patrimonialisation et identités en Asie orientale ». Il est en accès libre et téléchargement gratuit en intégralité.
Voir : https://ebisu.revues.org/1569

Parution de Extrême-Orient Extrême-Occident n° 39
Ce numéro de la revue Extrême-Orient Extrême-Occident aborde ici pour la première fois
le thème : « Corps souffrants dans les littératures de la Chine et du Japon au XXe siècle. »
Voir : Extrême-Orient Extrême-Occident n° 39
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GIS Réseau Asie et Pacifique : Lettre de décembre 2015

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Nous publions ici un extrait de la Lettre de décembre 2015 du GIS Réseau Asie et Pacifique.

Retrouvez cette lettre dans sa version intégrale sur ce site.

Sommaire
Congrès

Résumé de l’atelier M1 « Évaluation critique des politiques de population
en Asie dans une perspective démographique et de genre »
Enregistrements des ateliers de la conférence « Les espaces culturels de la
Chine en Afrique (EsCA) »
Gouvernance du GIS

Réunion annuelle du comité directeur
L’unité support

Poste : Responsable de la coopération internationale au GIS Asie
Membres du Réseau
Article du mois

Le rôle des hybrides culturels dans l’ouverture de la Chine
Documentation

Le fonds Chine de l’École française d’Extrême-Orient
Revues
Outil du mois
Associations

Prix de thèse de l’AFEC : présentation des lauréates
Actualités

***
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Résumé de l’atelier M1 : « Évaluation critique des politiques de population en Asie dans une perspective démographique et de genre. »
par Laura Rahm, doctorante au Centre Population & Développement (Paris Descartes – IRD)

Dans le cadre de la mise en valeur des jeunes chercheurs travaillant sur l’Asie et le Pacifique, le GIS, organisateur du 5e Congrès Asie et Pacifique, propose un retour par les coordinateurs d’ateliers doctorants ou postdoctorants sur le contenu de leur atelier lors de cet événement, qui s’est tenu à Paris à l’Inalco (9-11 septembre 2015).

Ce panel était constitué de communications interdisciplinaires stimulantes portant sur le déséquilibre de sex-ratio et la sélection sexuelle prénatale en Asie. Il était constitué d’experts de différentes disciplines (démographie, sciences politiques, études de genre, anthropologie) originaires d’Asie et d’Europe et a offert une vision riche et variée de ce sujet. Le panel était divisé en deux sessions : la première session était composée de communications des différents intervenants et la seconde a pris la forme d’une table ronde avec le public. Il a été entièrement conduit en anglais.
Laura Rahm, doctorante au CEPED et responsable du panel, a introduit la première session en présentant une communication intitulée « Politiques de population en Asie : du contrôle de la fécondité à la sélection sexuelle ». Elle a expliqué que l’Asie est préoccupée depuis 50 ans par la fécondité de sa population et que depuis la moitié des années 1970, la plupart des pays y ont ainsi mis en place des politiques de population pour prévenir une « crise démographique » et diminuer la natalité. Au début des années 1980, alors que la fécondité baisse, un nouveau problème démographique voit le jour, à savoir la sélection sexuelle prénatale par avortements de fœtus féminins. Christophe Z. Guilmoto, démographe à l’IRD-CEPED, a démontré que ce phénomène est à l’origine d’un déficit d’environ 126 millions de femmes dans le monde en 2010. Sa communication, « Contexte et conséquences de la masculinisation des naissances en Asie », a résumé les facteurs à l’origine de cette situation : la préférence pour les garçons, la pression due à la baisse de la fécondité et l’accès aux nouvelles technologies reproductives. Différentes initiatives peuvent en découler comme l’assouplissement de la politique de planification familiale, les législations interdisant la sélection sexuelle ou les lois d’équité de genre. Bijayalaxmi Nanda, professeure d’études de genre et de sciences politiques à l’Université de Delhi, a présenté une communication intitulée « Les politiques pour lutter contre la sélection prénatale en Asie », qui exposait notamment les contradictions, les contestations et les défis à relever dans une perspective de genre. En effet, les politiques de population indiennes ont parfois eu recours à des moyens coercitifs, mettant à mal les droits reproductifs des femmes. Les efforts actuels pour équilibrer la masculinité des naissances portent sur la limitation des avortements sexo-sélectifs et la régulation des diagnostics préconceptionnels et prénataux. La conférencière a plaidé pour une approche plus holistique de l’autonomisation des femmes allant au-delà des seules restrictions d’accès aux technologies pour affaiblir au contraire la préférence pour les garçons. Ngoc Bich Luu, professeure et directrice de l’Institut pour la population et les sciences sociales (IPSS) à Hanoi, a présenté « La sélection sexuelle au Vietnam : politiques mises en place et efficacité des réglementations législatives ». Le Vietnam, où les déséquilibres à la naissance sont récents par rapport au reste de l’Asie, s’est distingué par la rapide réponse du gouvernement à ce problème par l’introduction de mesures pour lutter contre la sélection prénatale. Toutefois, les actions politiques mises en place n’atteignent pas toujours le niveau local et ne sont parfois pas appliquées. Si la nouvelle loi de population prévue pour 2016 vise à adapter les politiques aux besoins, on note que la nouvelle législation risque de limiter l’accès à l’avortement, ce qui provoque l’inquiétude des groupes féministes et des organisations internationales. Enfin, une jeune chercheuse de Cambridge, Sonya Davey, qui a dû renoncer à sa participation, devait présenter une communication intitulée « L’analyse des discours politiques sur les avortements sexo-sélectifs : le cas de l’Inde ». Celle-ci apporte des conclusions intéressantes sur l’effet de la législation, ainsi que sur les positions des décideurs politiques indiens impliqués dans la régulation de cette sélection sexuelle prénatale.
Georg Blume, journaliste et longtemps correspondant du journal Die Zeit en Asie et récemment auteur de Indiens verdrängte Wahrheit, s’est joint aux panélistes pour la table-ronde constituant la seconde session. Un débat vif s’est installé autour des questions centrales du panel :
1) les politiques de population ont-elles contribué à déséquilibrer le sex-ratio à la naissance et si oui, comment ?
2) Les politiques actuelles de lutte contre la sélection sexuelle sont-elles efficaces et tiennent-elles compte des questions de genre ?
3) Quelles sont les pistes futures pour la recherche et la politique?
Christophe Guilmoto a souhaité minimiser le rôle des gouvernements dans les choix reproductifs des couples, une fois l’accès au planning familial assuré. A l’inverse, Bijayalakshmi Nanda a souligné le rôle central du gouvernement et la nécessité d’une approche holistique de l’autonomisation des femmes. Ngoc Bich Luu a indiqué que l’insuffisance des ressources des parents âgés du fait de l’absence de système de retraite était une des raisons pour lesquelles les parents vietnamiens préféraient avoir des fils en raison de leurs revenus potentiellement plus élevés. Georg Blume a parlé de son expérience de vie avec des familles qui avaient pratiqué des avortements sexo-sélectifs au Madhya Pradesh en Inde. Sa conclusion était que ces décisions, qu’il s’agisse d’avortement ou d’infanticide, n’étaient pas faciles pour les familles, en particulier pour les femmes. Mais certains dans le public ont réagi en soulignant qu’il ne fallait pas assimiler avortement sexo-sélectif et infanticide. La modératrice Laura Rahm a aidé à clarifier ces différents aspects, mettant notamment en exergue le cas de la Corée du Sud, qui à l’heure actuelle est le seul pays à avoir réussi à inverser le déséquilibre de sex-ratio à la naissance. Elle a fait part des premiers résultats de sa recherche en Corée du Sud remettant en question certaines idées reçues sur l’efficacité des interventions politiques contre la sélection sexuelle.
Ce panel, par son approche interdisciplinaire des politiques de population, a permis de mettre en lumière et de nuancer différents aspects de cette problématique de façon plus holistique. Grâce à la publication jointe prévue et résultant du panel, nous espérons nourrir un débat plus large, favoriser des choix de politique mieux informés et plus à même de lutter efficacement contre la discrimination sexuelle.
Ce panel n’aurait pu avoir lieu sans le soutien financier du CEPED. L’organisatrice tient en particulier à remercier Étienne Gérard et Michelle Coste pour leur soutien pour l’organisation et la gestion de ce panel.
Version française en ligneEnglish version
L’atelier M1 dans le programme du congrès

Enregistrements des ateliers de la conférence « Les espaces culturels de la Chine en Afrique (EsCA) »

Les enregistrements des dix ateliers de la conférence finale du projet « Les espaces culturels de la Chine en Afrique (EsCA) », qui se sont tenus dans le cadre du Congrès, sont en ligne.
Les ateliers F1 à F10 dans le programme du congrès

Gouvernance du GIS
Réunion annuelle du comité directeur

Le comité directeur se réunira cette année le 7 décembre. Les représentants des institutions membres du GIS examineront le rapport d’activité du GIS 2015, l’exécution du budget et l’arrêté des comptes correspondants. Ils discuteront le programme annuel d’activités 2016 proposé par le conseil scientifique et le budget prévisionnel associé. Ils donneront leur avis sur les orientations en matière d’élargissement du GIS, de composition du conseil scientifique, de recrutement. Il pourront également soulever toutes autres questions relatives aux ressources du GIS et à leur utilisation en général.

L’unité support

Poste : Responsable de la coopération internationale au GIS Asie

Le Centre national de la recherche scientifique recrute un(e) responsable de la coopération internationale au GIS Asie, affecté(e) dans l’unité propre de service Réseau Asie et Pacifique.
Le poste est ouvert dans le cadre de la campagne de mobilité interne du CNRS, qui se clôture le 14 janvier 2016.

Copyright : GIS Réseau Aise et Pacifique

Retrouvez cette lettre dans sa version intégrale sur ce site.