Bonsoir!
"Il est quelque fois surpris de voir que ses élèves ne connaissant (ou n'appliquant pas) les règles de grammaires de bases".
[...]
okikunai ja nai
Cette forme peut exister.
Ex. sonnani ôkikunai janai? Et même tout bêtement ookikunai janai?
Je ne serais pas surpris que votre ami n'ait pas bien capté ce que les
mouflets ont dit...
Schéhérazade:
J'ai tout de même l'impression que nous ne parlons pas de la même
chose quand vous dites "parler couramment". En ce qui me concerne,
ma définition serait: parler suffisamment pour n'avoir pas plus de
problèmes dans la vie courante que n'en aurait un natif de la langue.
Cela ne veut pas dire avoir le même niveau.
La vie courante, cela signifie bien sur la vie de tous les jours, mais aussi
aller chez le médecin par exemple, et communiquer avec lui sans dico
Ou du moins, puisque c'est un médecin, il est légitime de lui demander
une explication (ce qu'un natif n'aurait peut-être pas besoin de faire, par
exemple).
Cela signifie qu'il faut pouvoir comprendre et dire à peu près toutes les
parties du corps. Bon, foie, poumons, reins, coeur, vessie, lanterne (non
pas lanterne), je suppose que parmi ceux qui sont là depuis un moment,
tout le monde sait le dire. Maintenant, dans les mots médicaux que tout le
monde connaît en français (je parle évidemment pour des francophones),
essayez maintenant de dire cubitus, fémur, clavicule, rougeole, varicelle,
oreillons. Sans périphrase, évidemment. C'est de l'hyper courant. Ça va
toujours? Alors maintenant, toujours avec du courant (un peu moins) en
français, cochlée, hémangiôme, dilayse, métatarse, métacarpe coloscopie,
colioscopie, plaquette (sanguine, pas de freins), j'imagine qu'avec tous
ces termes, à froid, il y en a plus d'un (dont moi) qui commencent
à mordre l'accotement sur certains mots.
Et c'est pareil dans tous les domaines de la vie courante. Prenons un
autre exemple: vous allez aider un ami japonais à acheter ou louer une
maison en France, et vous lui servez d'interprète. C'est le genre
tranquille, comme traduction, hein. Allons-y. L'agent immobilier vous
vante la marchandise:
"Là vous avez un escalier pour monter vers les chambres. Magnifique
escalier en 2 volées de 10 marches de chêne. Les contremarches sont
en hêtre, ainsi que le limon et la rampe et les balustres, la main-courante
est en merisier, ainsi que la plinthe (Je sais, c'est un peu farfelu pour un
escalier, mais bon, c'est juste pour dire que quelque chose d'évident en
français et simple grammaticalement peut vite tourner à la cata).
Si vous ne savez pas détailler les essences de bois, si vous ne savez pas
dire plinthe, rampe, limon, contremarche, main-courante, balustre, vous
finirez par traduire "bon, ben v'là l'escadrin en 2 fois 10 marches, les
marches sont en bois dur, les côtés pis le reste des bouts de bois dans
d'autres variétés". Peut-être l'acheteur n'en demade-t-il pas plus, mais
faut tout de même reconnaître que ce n'est pas du travail de
pro. Bon, c'est un ami, alors ça va...
Comment traduiriez-vous au pied levé (Évidemment sans dico. C'est
du n'importe quoi, mais juste pour mettre du vocabulaire que tout
le monde connaît, mais qui n'est finalement pas si simple en japonais):
1. la boîte de fusibles a été équipée récemment d'un disjoncteur
différentiel.
2. En ce qui concerne la toiture, les poutres, les chevrons et les lattes,
la panne faîtière ont toutes été traitées contre les capricornes. Les tuiles
ont toutes été changées et les faîtières fixées au mortier.
3. les gonds des portes ont été huilés, et le feuillure des chambranles
a été ajustée"
4. Le linteau de la porte d'entrée est un bloc de grès ainsi que le seuil.
5. les robinets de la salle de bains ont été changés pour des mitigeurs.
Je ne vous demande évidemment pas de me les traduire, cela ne
servirait à rien, mais pouvez-vous traduire tout cela en termes précis.
Vous voyez? Même avec du vocabulaire très simple, connu de tous,
on est vite coincé, en japonais. Par exemple en anglais que je ne maîtrise
pas très bien, je ne sais pas dire mitigeur, mais je parierais gros pour
mixing tap. C'est rapide, court, sobre, et même si ce n'est pas le terme
exact, on se comprend. Tiens, je vais regarder en japonais... 混合栓. ben
ouais, ça ne s'invente pas. Et dire cela par une périphrase, bonjour! Un
robinet qui permet d'un seul levier de faire varier le volume et la
température de l'eau. Même si on s'en tient à "robinet mélangeur"
comme en anglais, faire une périphrase en japonais est lourdingue.
混合蛇口?Ouais, bof.
Linteau, je sais en anglais (facile: lintel) mais en japonais, je n'en ai
aucune idée. Je n'ai trouvé que le kanji qui n'est même pas dans le
Halpern. La prononciation kun est magusa. prononciation on? Je ne sais
pas. Dans le cas ci-dessus, il y a ce kanji magusa + seki (pierre), mais
sans prononciation on, je suis bien dans l'embarras pour le prononcer.
Pour la philosophie au bout de 10 mois, je demande à voir. Avec des
amis, j'imagine que c'était de la philo de comptoir en buvant de la bière,
bon là, ça peu aller. Nous avons tous refait le monde un jour ou l'autre,
qui sommes nous, d'où venons nous, les femmes ont-elles une âme,
y a-t-il une vie après le mariage...
En me rappelant le vocabulaire de la philo à Kant (transcendentale,
noumène ... ) j'imagine que je me trouverais bien dépourvu même
avant que la bise ne fût venue... Noumène, je ne sais même plus ce
que c'est en français, et d'ailleurs je ne vois pas où ça noumène.
Personnellement, je ne prétends pas maîtriser le japonais à la perfection,
mais ça n'est pas la langue la plus dure que je n'ai jamais vue. Loin de là.
Voui, ben par curiosité, j'aimerais bien savoir laquelle. Pour moi,
ce n'est pas l'anglais, pas l'allemand, pas le russe ni le néérlandais
(je n'ai que des notions de ces deux dernières), pas l'italien ni l'espagnol
(je m'amuse de temps en temps à lire il corriere della sera à l'hôtel,
et sans avoir jamais appris, c'est compréhensible. Ainsi que El País
et ce sont vraiment des langues faciles, du moins apparemment.
Pour ma part, je n'ai encore jamais vu un étranger qui écrit le japonais
correctement à la main. Il y a toujours quelque chose qui merde. Avec
un traitement de texte, oui, c'est déjà plus abordable. Je suppose que
beaucoup d'entre nous en sont capables.
Et puis en revenant à mon exemple ci-dessus, la difficulté pour chercher
un mot, un simple mot pas vraiment spécialisé, c'est un bordel sans nom.
Tout cela semble bien prouver que le japonais est une langue difficile,
la plus difficile jusqu'à maintenant pour moi.
Le vocabulaire est une barrière énorme que n'ont pas les autres langues
européennes. Et en tant qu'interprète (technique seulement), je connais
assez bien l'importance du vocabulaire.
Il faut pour le japonais 5 à 10 fois plus de temps que pour l'anglais à
niveau égal.
Pascal