Différences culturelles France/Japon au travail

[Florie-Anne]

Bonjour à toutes et à tous,

Je m'appelle Florie-Anne BINCAZ, je suis actuellement étudiante en Ecole de Commerce et je dois réaliser un exposé sur le Japon.
Le grand thème de mon exposé est la culture japonaise, surtout pendant les échanges commerciaux.

J'aimerai donc vous demander quelques témoignages. Si vous êtes partis vivre au Japon quelques mois, un an, quelques années et que vous avez travaillé au Japon, est ce que vous pourriez m'écrire quelques lignes?
Tous les témoignages m'intéresse ! Je veux juste quelques chose de personnel, sur ces questions :

- Combien de temps êtes vous parti ?
- Qu'est ce qui vous a marqué (Un évènement, un trait de caractère...) ?
- Quels conseils donneriez vous à un(e) Bussiness Man(Woman) français voulant travailler au japon/avec des japonais?

Merci d'avance!
Même un témoignage des 5 petites minutes m'aiderai vraiment

[clws990]

Bonsoir,

Ce que vous demandez peut devenir un vrai roman ...

- Combien de temps êtes vous parti ?
J'y suis toujours.
- Qu'est ce qui vous a marqué (Un évènement, un trait de caractère...) ?
Du point vue 100% milieu japonais :
> faire le nettoyage des bureaux au matin ... (pis les toilettes ...)
> l'importance de connaître le moto de la compagnie
> l'importance du sempai (même si il est plus jeune que vous)
> la position de la femme ... hélas ... inférieur malgré les compétences
> le niveau IT du Japon est comment dire ... bas.
> certains diraient les réunions sans fin au matin (mais nous avons bien cela en France)

- Quels conseils donneriez vous à un(e) Bussiness Man(Woman) français voulant travailler au japon/avec des japonais?
Vu personnellement sur les échecs Japon-étranger :
> le respect est important tout comme la parole, ce qui fait que l'esprit "je suis à la bourre mais ce n'est pas grave" est à proscrire, tout comme le mensonge typiquement business man (ou le fait de jouer sur les mots)
> apprendre à connaître les coutumes locaux et non imposés la puissante ( ) vision occidentale
> avoir une carte de visite et ne pas la ranger si on recoit une
> apprendre à écouter et ne pas couper

[Fujijana]

Tout idem que la premiere reponse, plus un point important dans les negociations commerciales japonaises:
La sur-preparation dans tous les sens de tous les scenarions possibles pour etre sure, avant de se lancer dans un projet, que toutes responsabilites/risques etc... a ete calcule et qu'il n'y aura aucune surprise.
d'ou la lenteur des negociations (en comparaison avec les US, specialistes du "on fonce, et si y a de la casse ou des soucis, on y reflechira en temps voulu).

Ca a l'air rien comme ca, mais c'est enorme en interne quand on arrive avec pleins d'idees et qu'elles sont rejetees systematiquement car les superieurs ont une peur bleue de la responsabilites en cas d'echec.
Donc dans sa proposition de projet, faut deja prouver par A+B que ca va marcher pour sur. Ca vaut au sein de l'entreprise comme pour les relations commerciales entre 2 entreprises.

On peut en faire un roman, comme dit plus haut.
je suis specialiste en cross-cultural comm au sein d'entreprises japonaises depuis bientot 10 ans et c'est un sujet sans fond.

[clws990]

Je rejoins Fujijana sur ses mots même si dans mon milieu, c'est primordiale par défaut. A l'origine, les japonais sont très procédural. Prendre le minimum de risque pour que cela marche. Autrefois, cela a peut-être permis le Japon de revenir post-guerre mais aujourd'hui, c'est une procédure assez lourde et longue.

Officiellement, (aussi bien en France), dans les banques et le monde IT, on devrait suivre ce genre de procédure (du moins sur le papier et au Japon elle est plus importante) mais dans la réalité, les occidentaux ne le font point (affaire Kerviel, fuite de mots de passe chez Sony, etc).

Le Japon est à l'image de notre comptabilité/finance ou du policier en France. Il faut quelqu'un qui surveille celui qui surveille ...

L'échec est très mal vue au Japon ... après ... les occidentaux n'ont pas aidés non plus à effacer ou réduire ce paradoxe ... les projets en commun où l'on fonce, où l'on manque de professionnalisme (désolé, en France, le mois de juillet-août est mort ... veuillez revenir en septembre en plein gros projet ... sans parler du je m'en foutisme, ou du "c'est pas moi, c'est lui" "j'ai jamais dit ça !") ...
Sur ce point de processus, je peux en écrire des pages ... c'est une des raisons souvent des échecs de partenariat étranger-Japon ou de personne travaillant au Japon ...

[Florie-Anne]

Bonjour bonjour,

Merci beaucoup de vos réponses. J'ai conscience que ce sujet peut être... très long. Je m'intéresse au Japon depuis longtemps, sans avoir jamais eu la chance d'y voyager.
Pour mon exposé j'ai étudié le film d'Amélie Nothomb "Stupeur et Tremblement" qui rejoins un peu ce que vous avez dit :
- la place d'une femme dans une société japonaise,
- la place d'un étrangère (notamment qui ne doit pas parler Japonais : est ce vrai qu'un étranger parlant japonais est considéré comme un potentiel "espion"?),
- l'importance de la hiérarchie, des règles, des missions qui nous sont accordées...

Merci encore de vos témoignages.
Au final : conseillerez vous à vos amis de partir travailler au Japon?

[clws990]

Euh ... il faut bien prendre en compte que ce film est sur un Japon d'avant ... donc une image un peu dépassé du monde japonais ... (année 90) et comme dise beaucoup romancé comme beaucoup disent (beaucoup critique justement ses livres).

Un étranger américain ... est super mal vu car les américains ...
Un français, c'est différent. Globalement, comme pour tous les pays, le fait d'apprendre et parler la langue aide et prouve que l'on veut s'intégrer mais je n'ai jamais entendu d'espionnage.

Enfin, pour "l'importance de la hiérarchie, des règles, des missions qui nous sont accordées... " c'est un peu partout pareil, enfin un peu plus ici mais disons que les français ont plus tendance à ne pas respecter cela qui fait que beaucoup y voit un fossé ... (du moins dans le monde au je travaille) car le "je m'en foutisme français" est bien connu dans les sociétés japonaises (ou le "manque de sérieux ou de respect" des étrangers).

Pour conseiller une personne de venir travailler au Japon, tout dépend de sa motivation, de "son nombrilisme ou non", de sa volonté de travailler en équipe et d'accepter des changements/des concessions pour faire un pas dans un monde différent (sans penser qu'il a la connaissance universelle et unique & véritable).
Si oui, alors on peut envisager cela. Si c'est non .... il vaut mieux passer le chemin.

Et ce n'est pas parce qu'on vient de Centrale ou d'une grande école que cela signifie une réussite ici.

[batisuto]

Et ce n'est pas parce qu'on vient de Centrale ou d'une grande école que cela signifie une réussite ici.

Je suppose que par reussite, tu sous-entends "integration". Si tel est le cas, je suis d`accords avec toi.

Par contre, d`un point de vue proffessionnel, il vaut mieux avoir fait une grande ecole


Florie-Anne>

Pour ton expose, je t`invite vivement a lire les sections "travailler au japon" de tout les forums et sites dispo.
Il y en a beaucoup. Ca peut prendre du temps, mais c`est super interressant !!!
Autant pour les infos, que les retours d`experiences. Et puis, il y a aussi des bons clash de temps en temps

Perso, etant "bien" installe au japon, les rubriques travailler au japon ne me concernant pas directement.
Je n`en rate pourtant jamais une ligne, pour les raisons evoquees ci-dessus.

Aussi, je te propose de lire les livres "Homo-japonicus" et "l`universite au service de l`economie japonaise", tout 2 de Muriel Jolivet.
Ces 2 bouquins ont ete ecrit il y a 10 et 28 ans, et il ne faut pas tout prendre comme argent comptant. Cependant, il sont très bien cotés et tres bien critiqués.
De bonnes references dans un expose.

Apres, mon experience perso de l`entreprise japonaise est que j`ai un salaire pas tres haut, que je dois compenser en faisant des heures sup`.
Aussi, je n`ai pas une montagne de travail, et passe donc 2/3 de ma journee a etudier, lire les forums, faire des jeux sur l`ordi. Tout le monde le sait, et ca ne semble deranger personne.
En fait, j`ai l`impression qu`il y a 10-20% des salaries sur qui repose tout le travail, et 80% qui branlent rien.
Ma theorie perso est que cela permet de parait en cas de "coup de bourre".
Mais cette theorie est vite invalidée car les japonais ont du mal a gerer l`imprevu, et dans les coups de bourre, ben, c`est le grand foutoir.

Exemple qui n`a rien a voir, mais quand meme.
Aux heures de pointes, dans les gares, les japonais oublient tres facilement leurs manieres et politesses pour bousculer les vieilles, ou rentrer en force dans les rams de metro.

Assez difficiles de rentrer dans le details, il y a trop de choses a dire.
C`est un sujet super interressant, qui a deja beaucoup fait parler, donc pose nous des questions "plus ciblés".

voila voila

++

[clws990]

Bonsoir,


Je sous entend intégration et réussite professionnelle. Les écoles d'ingénieurs de catégorie 1 ou 2 ne font aucune différence pour les sociétés japonaises et sur le marché japonais. Ce n'est pas la France. Pour faire la différence, il faudrait alors HEC, Harvard, etc qui eux ont une plus grande reconnaissance.

Je connais un cas justement (d'où ma citation) d'une personne qui s'est fait placardé. L'entreprise reconnaissait qu'il était intelligent, mais socialement parlant, du point de vue coprorate, esprit de groupe, respect d'autrui et coeur humble ... il était loin de faire l'unanimité de la compagnie.
Bilan, cela s'est mal fini avec des mots "grossiers" (edit : de la part du français) et un retour pour la personne en France.

[Florie-Anne]

Bonjour à tous,

J'ai rendu mon exposé sur les conditions de travail au Japon hier.
Vos témoignages m'ont été très utiles, d'autant plus pour ma curiosité personnelle.

Je ne pense pas avoir, encore, la motivation nécessaire pour aller au Japon. Mais toutes les informations que j'ai appris sur ce pays me serviront surement!

Un grand merci, donc, pour avoir participer.