Ayant les idees tres mal placees, a chaque fois que sur la page d'accueil je lis "Declic, mon..., pour moi...", je pense a Manara.
Ca aurait pu etre mon declic, mais non, quoique j'aurais bien correspondu au stereotype du jeune japonais: jeune lecteur (lectrice) de manga porno des son plus jeune age (12 ans, il etait mal range dans la bibliotheque des parents)...
Bref, bref, mon declic, alors, c'est le hazard.
Danseuse classique, bac F11, 45h de danse par semaine jusqu'a l'age de 19 ans, 6 ans d'allemand, 2 ans d'anglais, les langues c'est pas mon fort, et c'est pas une matiere obligatoire dans ma filiere. Un accident et un milieu pourri me font tout arreter du jour au lendemain, il faut que je me reoriente. Alors ca ne sera pas prof de danse, comme maman.... je m'inscris en candidate libre en Terminal S pour attaquer medecine. Mention tres bien au bac F11 option physique chimie et math, j'ai obtenu sans probleme les autorisations. Mais un copain m'a fait une remarque qui a tout dejoue: "danseuse comme maman, docteur comme papa????"
Du coup j'ai fait LEA, comme le copain.
LEA avait des avantages, me remettre sur un circuit general et m'apprendre tout un tas de choses, seul circuit a proposer cela a la fac. De plus, ayant des parents voyageurs, j'avais l'attrait du depaysement et des cultures etrangeres. J'ai pas dis LANGUES.
Du coup je me suis prise la tete pendant 4 ans de fac pour decrocher ma licence de LEA anglais japonais, option droit. Je voulais rester a Toulouse, et il n'y avait que 3 langues au choix en debutant: japonais, arabe ou russe. Ma culure G sur les autres pays me dirigea vers l'asie, je voulais le chinois, ce fut le japonais.
A partir de la j'attaque et fabrique une passion pour le Japon: j'aime l'apprentissage de cette langue, les characteres, les sons, je decouvre la culture, les kimonos, les photos zens, les temples, l'architecture, l'ikebana. Ayant eu une formation artistique, c'est de suite les costumes, les decors qui m'attirent. Je prends sur moi les autres matieres et les difficultees de la langue. Pas linguiste pour un sous, je compense mes matieres les unes avec les autres, c'est l'horreur.
Maitrise, je pars au Japon un an, etudiante a la fac de Gaidai a Osaka, le choc, l'horreur, je hais le Japon, j'arrive pas a parler, je hais les regles, j'aime pas la ville, c'est depression pendant un an (j'ai tenu). Je me fais quand meme de supers amis lors de mon dernier mois.
Je rentre et tout s'enchaine, je valide ma maitrise, fait un stage dans une maison de haute couture, ecrit des contrats en japonais, rencontre des japonais dans un cadre autre qu'etudiant, et decide de me redonner une chance: je pars a Kyoto passer Noel et jour de l'an chez des amis, et la j'adore. j'ai porte le kimono pendant 3 jours, et suis montee dans la neige en haut de la montagne pour aller au temple, superbe experience.Faut que je trouve un moyen d'y revenir.
Je cherche une place pour la prochiane rentree: concours Jet (ma seule chance de retourner au Japon, sinon j'abandonne) et des masters a gogo, nous sommes au debut de l'annee 2005.
Juin: les resultats, tous en meme temps: je suis prise dans 15 masters, dont 6 de luxe, avec option japon,.... et suis prise au JET par telephone, 3 semaines avant le depart, on me demande une reponse illico: j'accepte!Tout s'enchaine, pas le temps de se poser:
J'annonce a mon fiance depuis 3 ans que je pars pour longtemps, et que la il n'y aura pas de relations a distance, c'est le choc, les enfants (J'etais deja belle mere de 2 bambins) sont en larmes et me font marcher au chantage pour que je reste, mais mon coeur est deja parti, j'ai deja tourne la page.
Je suis mutee a Mimata, impossible a trouver sur une carte, mon reve! La campagne, le vrai Japon, des vieilles maisons, une rigueur moins poussee que la haut vers Tokyo, des kimonos, des temples, le vieux Japon m'ouvre ses portes, avec un bon pecule, et ma premiere experience profesionnelle, adieu les etudes. Je suis comme une danseuse seule au centre de la scene, avec les costumes et les decors de ses reves.
Donc voila, l'experience d'une expat au Japon, qui n'etait ni fan de manga, ni de jeux videos, ni de la langue.
PS: desolee pour le long message.Mais j'en avais marre de lire que des declic de mangakas.
