Amélie Nothomb

Discussions sur la culture, l'ensemble de l'art et de l'artisanat japonais.
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ELTdG
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Ne pas mélanger le beurre et l'argent du beurre...

Message par ELTdG »

Pascal, je suis d'accord avec tous tes arguments, c'est seulement avec ta conclusion que je ne suis pas en phase.

Certes, et c'est tout à ton honneur, tu fais la différence entre boeuf japonais et boeuf américain, mais, et <b>c'est ici que nous divergeons</b>, tu ne fais pas celle qui s'impose à mon avis entre journaliste et romancier. Qu'un journaliste qui se doit théoriquement d'être bien renseigné et objectif entretienne des confusions et fasse passer des exceptions pour des règles est répréhensible et à la charge de celui-ci. Pourtant quand un écrivain crée un roman, fût-il vendu comme autobiographique, sur un point de détail ou un cas particulier peut-on le lui reprocher au nom de la confusion ou de la désinformation qu'il entretient ? Tu sembles le faire ; pour ma part, si faute il y a, je préfère l'imputer aux lecteurs qui confondent roman et source d'information fiable et objective.
Shizuka-jp
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Message par Shizuka-jp »

Je suis bien d'accord avec le fait que Nothomb est une romancière, et qu'elle peut se permettre une certaine liberté dans ce qu'elle écrit.

Dans un autre roman "autobiographique", "La métaphysique des tubes", où il est question de son expérience au Japon à l'âge de 3 ans, mademoiselle nous raconte comment elle a failli se noyer a Tottori.

Je vous mets un extrait:

"Quand mes yeux sortaient de la mer, je voyais la plage qui me paraissait si loin, mes parents qui siestaient, et des gens qui m'observaient sans bouger, fidèles au vieux principe nippon de ne jamais sauver la vie de quiconque, car ce serait le contraindre à une gratitude trop grande pour lui............Les spectateurs nippons respectèrent leur règle de non-intervention jusqu'à ne pas prévenir les auteurs de mes jours. Et je les regardai me regarder mourir avec attention."

Moi ça me fait bondir de lire des choses pareilles.

Le livre est émaillé de ce genre de remarques fantaisistes sur la mentalité japonaise, et comme Nothomb a vécu au Japon, ça lui donne une grande crédibilité.

Ceci dit son roman est amusant par ailleurs, mais énervant à lire pour des personnes qui connaissent le Japon.
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ume
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Message par ume »

Shizuka-jp a écrit : Ceci dit son roman est amusant par ailleurs, mais énervant à lire pour des personnes qui connaissent le Japon.
Je crois que voilà la phrase qui résume le mieux l'opinion que j'ai de cette écrivaine.
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shaahrazade
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Message par shaahrazade »

Je comprends l'argumentation des "défenseurs" d'Amélie Nothomb, mais il ne faut pas non plus se leurer, en France, l'œuvre de cette romancière - toute romancière qu'elle soit - est présentée comme vérité.
Comme je n'entretenais pas une passion dévorante du Japon avant de partir, j'ai moi-même échappé à tous ses livres, j'ai par contre vu le film "stupeur et tremblements" quelqu'un an avant d'émigrer. Je ne sais pas ce qu'il en est du bouquin mais pour ce qui est du film, je partage l'avis de Pascal. Tout ce que j'y ai vu, c'est une fille occidentale qui refuse de s'adapter et de comprendre son entourage et qui, en plus, juge les gens sur leur apparence.

Mon entourage français, qui ne s'y connaissait pas plus en Japon que moi, m'a bien dit quand je me suis mise à apprendre la japonais "fait attention, le Japon, c'est comme dans stupeur et tremblements, les japonais détestent qu'un étranger soit capable de parler leur langue !" ou bien encore "tu vas te retrouver à nettoyer les chiottes à longueur de journée, c'est ce qu'on dit dans stupeur et tremblements"...
Alors, sans vouloir jetter la pierre à une romancière qui n'écrit que de la fiction, je suis prète à parier qu'en France, 90% des gens pensent que la vie au Japon, c'est stupeur et tremblements et les 10% qui restent sont persuadés que c'est comme dans les mangas...
L'exemple des mangas, c'est juste pour dire qu'on est prompt à penser que ce qu'on ne connaît pas, c'est comme dans les livres, on en arrive même à penser que les japonais vivent comme dans les mangas !

Au vu de mon expérience personnelle (mais en 15 ans, le Japon a pu changer beaucoup, qui sait...), je dirais que les diplômes d'Amélie n'étaient pas reconnus au Japon, ou qu'elle ne parlait pas japonais, ou bien les deux. Dans mon laboratoire, j'ai été placée directement au poste le plus haut (enfin, en dessous du chef tout de même), sans disctinction d'ancienneté et de sexe. Tous les japonais ont trouvé ça normal et la seule personne a protester fut un égyptien (présent depuis 3 ans et ne parlant pas un mot de la langue). Ma position s'est renforcée du fait que je parle japonais et peut donc travailler en tandem avec des japonais, tandis que celle de l'égyptien s'est dégradée (il ne parle toujours pas japonais). Je pense que la langue est vraiment un élément clé pour l'intégration dans le monde du travail japonais, en plus de la volonté de s'intégrer bien-sûr.

Après, le cadre dépend sans doute beaucoup des entreprises, mais ni plus ni moins qu'en France, comme le dit Pascal.
Ceci étant, je vais suivre les conseils de Shizuka et ne pas lire Nothomb, je sens que cela m'énerverait maintenant que je connais le Japon :wink:
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Pascal
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Message par Pascal »

Bonjour!
Certes, et c'est tout à ton honneur, tu fais la différence entre boeuf
japonais et boeuf américain,
Le fait que je fasse ou non la différence n'est absolument pas l'idée
de ma phrase et je n'ai d'ailleurs pas prétendu faire la différence.
L'idée, c'est que les journalistes qui viennent ici 2 semaines ou moins
comparent ce qui n'est pas comparable et donnent une vision déformée du
japon alors qu'ils devraient être tenus à un minimum d'objectivité. C'est
du moins comme cela que je conçois le journalisme. En l'occurrence,
un journaliste qui va au supermarché du coin (dans les quartiers chics
de Tokyo), prend le morceau de boeuf le plus cher au kilo et le compare
au tout-venant trouvé dans les supermarchés en France, je ne trouve pas
cela honnête. Que le même journaliste compare le loyer d'un 3 pièces
neuf à Roppongi et un 3 pièces en moyenne française, je ne trouve pas
cela honnête non plus.
Je trouve par contre honnête de se référer à des documents existants
qui permettent de constater que le coût de la vie à Tokyo est 30 % plus
cher qu'à Paris. Ensuite, on peut aussi comparer des appartements
de quartiers chics de Tokyo, mais il faut comparer avec des prix de
l'avenue Foch, par exemple.
Alors, sans vouloir jetter la pierre à une romancière qui n'écrit que
de la fiction, je suis prète à parier qu'en France, 90% des gens pensent
que la vie au Japon, c'est stupeur et tremblements et les 10% qui restent
sont persuadés que c'est comme dans les mangas...
C'est exactement ça. C'est comme un refrain à chaque fois que je rentre
en France. Et quand je réponds que ce ne sont que des fantaisies, que ce
n'est qu'un roman, on me dit "Elle a quand même vécu là-bas!". Le livre
représente, qu'on le veuille ou non, une référence, une vérité. La télé
aussi, d'ailleurs. Qui n'a pas entendu "Si, c'est vrai, ils l'ont dit à la télé!".

Alors écrire comme elle le fait des choses en sous-entendant que c'est
la vérité, le quotidien, je trouve cela malhonnête. Des lecteurs capables
de faire la part des choses, il y en a peut-être, mais pour la majorité,
tout ce qui y est écrit est vrai, simplement parce qu'elle a vécu là bas
et que c'est écrit dans le livre.
Dans l'extrait écrit en gras par Shizuka, est-ce que vous trouvez
légitime de dire que les japonais sont capables de laisser sciemment
mourir des enfants? Même dans un roman? Je trouve que c'est grave
d'exploiter le domaine inconnu qu'est la société japonaise pour raconter
n'importe quoi.

Pascal
Dernière modification par Pascal le 03 janv. 2007, 10:15, modifié 2 fois.
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emile
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Message par emile »

Et savez-vous que l'académie Française lui a donné un prix pour ce livre !!? 8O

Sur amazon, on trouve quelques commentaires édifiants sur l'impact de ce livre "autobiographique":
http://www.amazon.fr/Stupeur-Tremblemen ... 2253150711

Si en plus l'Académie lui offre toute sa reconnaissance...
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ELTdG
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Message par ELTdG »

Puisqu'on m'a promu "à l'insu de mon plein gré" défenseur d'Amélie Nothomb, j'en profite pour dire que je n'ai pas livré mon opinion sur ses romans, puisqu'apparemment ça n'est pas le propos ici. Je me suis contenté d'essayer d'éteindre les flammes des buchers érigés en son honneur.

C'est plutôt déprimant, mais tous les clichés qu'on entend, tirés de "Stupeur et tremblements" quand on parle de la société japonaise, on les entendrait sous la même forme mais sous des sources différentes si ce roman n'existait pas. D'ailleurs, on les entendait avant qu'il ne fût publié :wink:

Je ne nie pas que "Stupeur et tremblements" donne une mauvaise image de la société japonaise, qui plus est déformée ; c'est dommage dans ce cas, mais cela relève de la liberté d'expression de l'écrivain. Ce que je déplore, c'est que des lecteurs décrètent que ce roman est une source fiable et objective de renseignements, même s'ils y sont invités par une malhonnêteté intellectuelle supposée par certains (mais jamais prouvée) de la part de l'auteur ou de l'éditeur.
Je suis désolé de revenir en arrière, mais le roman en question comporte des éléments fictifs mais aussi des éléments plus ou moins tirés de la réalité avérée ou supposée au Japon. Dans ce cas de figure, l'opération de permutation des nationalités suggérée par Pascal me semble douteuse.

Que proposent les vifs protestaires ?
:arrow: Mettre cet ouvrage à l'index pour sacrilège, escroquerie intellectuelle ou danger potentiel entre les mains de lecteurs dépourvus d'esprit critique ? Soyons sérieux. Je signale à la volée à Pascal que dans l'article du Monde qu'il cite, il est nulle part question d'action en justice pour racisme ou discrimination, simplement de protestations diplomatiques qui n'ont fait qu'encourager l'agitateur à continuer.
:arrow: Protester énergiquement ? Très bien, mais je vous signale au passage que les vocalises répétées sur ces pages desservent vos dessins et ne feront sans doute qu'aigüiser la curiosité de ceux qui n'ont pas encore lu cet ouvrage. D'ailleurs pourquoi ne pas protester dans un média qui a plus de portée que ce forum dont les lecteurs attentifs sont déjà très au fait de la vie ici.
:arrow: Confondre la fautive sur la place publique ? J'ai beau lire et relire les arguments répétés par certains, je ne vois toujours pas de preuve tangible et vérifiable qui mette en doute le fait qu'elle ait vu de ses propres yeux un cas de harcèlement moral dans une entreprise japonaise. Et quand bien même il n'y aurait pas de preuve, faire d'un cas particulier un sujet sans préciser qu'il ne s'agit pas d'une généralité, c'est une faute professionnelle pour un journaliste, pas pour un écrivain.
:arrow: Écrire vos mémoires vraies du Japon authentique en clamant haut et fort "Le Japon, c'est bien, mangez-en !" ? Je serai le premier à applaudir et à en acheter un volume, surtout s'il est dédicacé. Cependant, je doute du succès d'une telle entreprise en dépit du talent avéré de certains, car ce sont des thèses qui vont à l'encontre de certaines idées préconçues qui n'ont pas attendu Amélie Nothomb pour exister.

Oui, la citation donnée par Shizuka et tirée de "La métaphysique des tubes" est scandaleuse et non justifiable, il n'y a pas débat sur ce point. Si certains l'estiment délictueuse, libres à eux d'entamer ou non une action en justice contre son auteur, cela n'engage qu'eux. Merci de ne pas prendre le forum en otage au passage.

Pour ma part, j'avais lu le roman quelques semaines avant de signer un CDI dans une entreprise japonaise, cela n'a rien changé à mes intentions. Quand on me cite tel ou tel cliché sur les japonais, je ris à la barbe, argumente en utilisant mon expérience personnelle et cite le cliché pendant concernant les français (on en trouve facilement). Cela donne parfois l'impression de prêcher dans le désert mais c'est toujours plus constructif que de maudire Amélie Nothomb et son chapeau.
emile a écrit :Et savez-vous que l'académie Française lui a donné un prix pour ce livre !!?
Très bonne remarque si ton intention est de recentrer le débat sur un critère plus littéraire.
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shaahrazade
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Message par shaahrazade »

ELTdG a écrit : :arrow: Écrire vos mémoires vraies du Japon authentique en clamant haut et fort "Le Japon, c'est bien, mangez-en !" ? Je serai le premier à applaudir et à en acheter un volume, surtout s'il est dédicacé. Cependant, je doute du succès d'une telle entreprise en dépit du talent avéré de certains, car ce sont des thèses qui vont à l'encontre de certaines idées préconçues qui n'ont pas attendu Amélie Nothomb pour exister.
Voilà un autre point intéressant. Pierre Bourdieu soulignait ça dans un de ses bouquins, les "idées" qui ont du succès et dont personne ne conteste le bien-fondé sont des idées reçues que rien n'étaye et il faut prendre le risque d'une tuile pour faire passer des idées nouvelles. Évidement, en tant que romancière non suicidaire, Amélie Nothomb ne s'y est pas risquée...

Le plus gros problème pour moi, ce ne sont pas les livres eux-mêmes, mais la façon dont ils sont présentés. Je ne sais pas à quel point l'auteur ou l'éditeur en sont responsables, mais ce qu'on entend ou lit quand on s'interesse aux livres d'Amélie, c'est que c'est une œuvre autobiographique d'une personne ayant passé X années de sa vie au Japon...
Au-delà de l'œuvre d'Amélie Nothomb en elle-même, je m'interoge sur l'impact qu'un roman tel que stupeur et tremblements peut avoir sur l'esprit des gens. Amélie n'y est pour rien, mais quand on voit le nombre de gens qui sont persuadés de connaître la culture et la société japonaises juste parce qu'ils ont lu tous les mangas sortis dans les 10 dernières années, imaginez l'impact que peut avoir sur de telles personnes un roman autobiographique !
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Message par Shizuka-jp »

ELTdG a écrit :
Protester énergiquement ? Très bien, mais je vous signale au passage que les vocalises répétées sur ces pages desservent vos dessins et ne feront sans doute qu'aigüiser la curiosité de ceux qui n'ont pas encore lu cet ouvrage. D'ailleurs pourquoi ne pas protester dans un média qui a plus de portée que ce forum dont les lecteurs attentifs sont déjà très au fait de la vie ici.
Même sur ce forum il y a des fans d'Amélie Nothomb, donc ce n'est pas mauvais de rappeler qu'il ne faut pas croire tout ce qu'elle affirme sur le Japon et les Japonais.

Bien sûr, personne n'a l'intention de l'attaquer en justice pour affirmations mensongères.

Personne n'a attaqué en justice Dan Brown pour ses descriptions fantaisistes de Paris dans la version originale de Da Vinci Code. Pour aller des Champs-Elysées à la Banque Suisse située (soit-disant) rue Haxo (20ème), il fait traverser le taxi où sont les héros par le Bois de Boulogne (soit-disant un raccourci!!!) , pour le plaisir d'une petite description nocturne des lieux. Passage qui est supprimé dans la version française, car bonjour la crédibilité du roman après ça! Il fait aussi partir un train pour Lille de la gare St Lazare.

Au fait, comment se fait-il que "Stupeur et tremblements" ait eu un tel retentissement en France?
Justement parce qu'il contenait des "révélations" sur le Japon vu de l'intérieur par une romancière observatrice et talentueuse, non? Et puis Amélie est jolie, ce qui ne gâche rien...

Il y a un passage dans ce roman qui m'intrigue fort...Amélie raconte comment elle avait servi le café à des clients de son entreprise, en accompagnant son geste d'une " formule de politesse d'un raffinement exquis", (je ne me souviens pas des mots exacts) qui avait provoqué la stupéfaction parmi les hommes d'affaires Japonais.
A votre avis, c'est quoi cette mystérieuse formule de politesse? Parce que à part "dôzo" et consorts, je vois mal de quoi il pourrait s'agir...Encore une invention d'Amélie? :wink:
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polopolo
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Message par polopolo »

Bonjour,

ma situation est originale car ma première rencontre avec Stupeur et Tremblements fut un paragraphe du roman proposé en épreuve de thème au sujet d'anglais d'un concours. C'est dire si j'ai été obligé de m'imprégner du texte... Dans ce passage l'auteur décrivait la beauté "typique" d'une de ses collegues japonaises et leur première conversation.
L'anecdote mise à part, je n'ai pas lu davantage du roman. J'ai vu le film un peu part à hasard, film que j'ai apprécié, notamment pour la prestation de Sylvie Testud, jouant un personnage peu sympathique (mais je m'éloigne du sujet).
A vrai dire, je ne connais pas assez ni l'oeuvre Amelie Nothomb ni ses intentions pour me permettre de les juger. Je suis simplement choqué par le procès qui est fait par certains envers un écrivain. A partir du moment où il s'agit d'un roman, il n'y a pas de débat possible: elle peut raconter et romancer tout ce qu'elle veut, c'est de la fiction. Peu importe donc la façon dont elle utilise ce qu'elle a pu vivre. Il est inconcevable de remettre en cause la liberté d'expression d'un écrivain sous prétexte qu'il exagère les choses ou qu'il présente les faits décrits dans son oeuvre de façon ambigüe. Si 90% des français voient le Japon à travers le prisme de Stupeur et Tremblements (à chaque fois que je dis que je pars au Japon, on me demande : "tu as lu Stupeur et Tremblement?"), 90% des français seront également d'accord pour dire qu'Amelie Nothomb n'est pas journaliste et écrit des romans. Après, libre à eux de fantasmer ou non sur ce pays. C'est certes agaçant, mais il est choquant d'en imputer la faute à l'auteur de ce livre.
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Message par Shizuka-jp »

Pour ceux que ça intéresse, une interview d'Amélie, que j'avais lue il y a déjà assez longtemps:

http://perso.orange.fr/calounet/interview/nothomb.htm
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Pascal
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Message par Pascal »

Bonsoir!

Je m'étais dit que je ne contribuerais plus à ce sujet, et puis je viens
de comprendre ce qui dans le bouquin me heurte.

Ce qui me heurte, ce ne sont pas les faits imaginés ou exagérés,
ceux-ci sont dans le domaine du roman, ils sont finalement bénins.
Je ne suis pas choqué par le contenu de son "expérience". Qu'elle se soit
réellement mise à poil sur son bureau ou non m'indiffère. Qu'elle ait eu
un chef gros et con peut faire partie de l'expérience, puisqu'il y a une
distribution de gros cons uniforme sur toute la planète. J'ai des noms.

On reste dans la fiction plausible, dans le roman. Cela m'indiffère aussi.
Qu'elle ait ait eu des déboires dans une entreprise japonaise, qu'elle parle
de délation là où il n'y en a pas, je n'y vois rien d'autre que son
ignorance-crasse du mode de fonctionnement des entreprises d'ici.
Tout cela donne bien sûr une idée fausse de ce qu'est le Japon, de ce que
sont les entreprises, mais ce n'est pas le plus grave.

Ce qui est grave, c'est quand elle porte un jugement global sur toute une
population. Je n'ai plus de citation en tête puisque j'ai lu son bouquin il y
a bien longtemps, mais des phrases comme celles citées par Shizuka, il
y en a des tombereaux.
A partir du moment où il s'agit d'un roman, il n'y a pas de débat possible:
elle peut raconter et romancer tout ce qu'elle veut, c'est de la fiction.
Non, on ne raconte pas n'importe quoi dans un roman. La citation reprise
par Shizuka le prouve: quand on affirme que les japonais sont capables
de laisser sciemment mourir un enfant sur une plage, je trouve cela
grave, diffamatoire.

De plus, j'avais ajouté quelque chose dans un précédent message,
qui a été censuré. Bon, disons le à mots plus couverts pour tenter de
contourner les interdits:

Ce qu'elle dit sur les japonais, puisque c'est de la fiction pure,
on pourrait accepter suivant votre raisonnement qu'elle dise aussi des
choses graves à propos de n'importe quelle autre culture / communauté /
religion / civilisation de la planète, vous êtes bien d'accord?

Alors réfléchissez bien, pensez-vous qu'il soit possible de dire
n'importe quoi sur n'importe quelle ethnie sous prétexte que ce n'est
qu'une fiction? Les exemples de l'actualité récente abondent et vous
montrent que non.
Peu importe donc la façon dont elle utilise ce qu'elle a pu vivre. Il est
inconcevable de remettre en cause la liberté d'expression d'un écrivain
sous prétexte qu'il exagère les choses ou qu'il présente les faits décrits
dans son oeuvre de façon ambigüe.
Contrairement à ce que vous affirmez, la liberté d'expression ne permet
pas tout. Je vais encore m'approcher dangereusement de certains tabous,
mais si vous écrivez un roman dont le cadre est la 2ème guerre mondiale,
il y a forcément des fictions que vous n'aurez pas le droit d'inventer, par
respect pour les millions de victimes et aussi par respect pour la vérité
historique. Et le fait que vous n'ayez pas le droit d'inventer n'est pas une
atteinte à votre droit mais une règle pour éviter qu'on ne raconte
n'importe quoi. De la même façon, l'obligation de rouler à droite (ou
si vous préférez l'interdiction de rouler à gauche) n'est aucunement
une entrave à votre liberté de mouvement. Les interdits existent, il faut
faire avec.

En ce qui me concerne, je pense que la citation reprise par Shizuka est
quelque chose que l'on ne doit pas dire. On n'a pas le droit même de
sous-entendre ce genre de monstruosités et encore moins les justifier par
des "principes nippons" qui n'existent que dans ses fantasmes. C'est
quelque chose qui me heurte en tant que parent, en tant que
demi-japonais dans le sens où j'y ai passé bientôt la moitié de mon
temps. Ce sont des affirmations gratuites, négatives, racistes.
Le reste du roman amuse Shizuka, moi ça me fout la gerbe.
Chacun son truc.

En conclusion, NON, ON NE PEUT PAS DIRE N'IMPORTE QUOI SOUS
PRETEXTE QUE C'EST UN ROMAN!!! Ou du moins si c'est inacceptable
pour une communauté X, je ne vois pas pourquoi on l'accepterait
envers des japonais ou envers qui que ce soit d'autre, faut être
cohérent.

Pascal
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Message par ELTdG »

Pascal a écrit :De plus, j'avais ajouté quelque chose dans un précédent message, qui a été censuré. Bon, disons le à mots plus couverts pour tenter de contourner les interdits:
Pascal, merci de tes opinions toujours argumentées et réfléchies.
Puisque tu préfères prendre l'assistance à témoin plutôt que de régler le problème par MP comme je t'y invitais, sache que c'est par nécessité et non par plaisir que j'ai censuré une phrase de ta prose, pour éviter tout risque de polémique et sans toucher au reste de ton argumentation. J'aurais préféré que tu n'induises aucune confusion en signalant dans ce cas que le retrait du reste du message et de tes précédents messages sur le sujet n'était pas l'oeuvre de mon scalpel mais de ta propre gomme.
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Message par Pascal »

Bonsoir!

Il semble que j'aie fait une grosse bourde et j'en suis désolé.
Les messages effacés complètement l'ont été par moi comme indiqué
dans le petit cadre: message édité par Pascal, etc...

Je n'ai été censuré que d'une phrase, mais comme le message était
devenu bancal, j'ai préféré retirer le tout pour le réécrire complètement
plus tard. Voilà.

Bon, continuons.

Pascal

[note de bcg: es-tu d'accord pour qu'on efface les messages ne contenant que des ... ? Ou bien veux-tu les garder pour réécrire?]
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Message par Pascal »

Bonjour!
[note de bcg: es-tu d'accord pour qu'on efface les messages ne contenant que des ... ? Ou bien veux-tu les garder pour réécrire?]
Je les ai sortis pour les éditer. Laisse moi un peu de temps, d'autant plus
que je dois ranger mon bordel en cette fin d'année et ce n'est pas une
mince affaire.

Pascal
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Message par orlenduz »

Pascal a écrit :Bonsoir!



On reste dans la fiction plausible, dans le roman. Cela m'indiffère aussi.
Qu'elle ait ait eu des déboires dans une entreprise japonaise, qu'elle parle
de délation là où il n'y en a pas, je n'y vois rien d'autre que son
ignorance-crasse du mode de fonctionnement des entreprises d'ici.
Tout cela donne bien sûr une idée fausse de ce qu'est le Japon, de ce que
sont les entreprises, mais ce n'est pas le plus grave.

Ce qui est grave, c'est quand elle porte un jugement global sur toute une
population. Je n'ai plus de citation en tête puisque j'ai lu son bouquin il y
a bien longtemps, mais des phrases comme celles citées par Shizuka, il
y en a des tombereaux.


Non, on ne raconte pas n'importe quoi dans un roman. La citation reprise
par Shizuka le prouve: quand on affirme que les japonais sont capables
de laisser sciemment mourir un enfant sur une plage, je trouve cela
grave, diffamatoire.


Pascal
Bonsoir aussi (enfin bonjour),

Personnellement je n'ai pas lu le roman, enfin juste quelques passages dans un coin de librairie.
J'ai l'impression que le style du roman entraine a ce genre d'enormite. Par exemple, quand Shizuka et Pascal evoquent l'episode de la "presque noyade", c'est comme si l'auteur se laissait entrainer dans un petit delire d'ecrivain. Parfois, on part a faire de l'ironie et si on ne pese pas ses mots ca part en vrille.
Mais c'est sur que quand on fait publier, on a sa part de responsabilite sur le message envoye.
Ceci dit, je ne sais pas si Amelie Nothomb merite cette polemique. Je ne dis pas ca pour la defendre. En fait elle fait tout un fromage de certaines choses alors que des japonais passent dans ces entreprises et ne vous ressortiront pas la meme version de ce qu'ils y vivent.
Parfois c'est aussi une question de valeurs et de principes. Je dis ca parceque ca me rappelle une discussion ou on m'a affirme qu'une entreprise et l'employe c'est comme un couple. La personne qui m'a dit ca n'est pas une acharnee du travail mais a confiance avec les gens de son environnement professionnel. C'est juste un exemple et encore une fois ce n'est pas a generaliser.

<Le rangement de fin d'annee fait partie des traditions, alors je m'en vais recurer.
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Message par sanjuro »

Salut!

J'interviens tardivement dans ce débat déjà bien avancé. C'est que j'ai lu ce tout petit livre parce que j'étais au Japon, et cette lecture m'ai laissé sur le moment...sceptique, simplement. Ce qui est certain, c'est qu'il ne m'a pas fait avancer d'un iota dans la compréhension du pays où je vivais alors. Et pourtant, elle en tartine sur le sujet, sur des modalités carrément gnomiques, dans le genre "le Japon est ceci", "Les Japonais sont comme ça".

Plus qu'un roman sur le Japon, il s'agit peut-être finalement d'un roman d'initiation, qui raconterait un passage douloureux à l'âge adulte. La narratrice, rentrant dans le monde du travail, doit revenir sur des illusions d'enfance mais elle refuse alors d'en faire le deuil. Et c'est le clash, l'humiliation et le refuge dans la rêverie.
Ca aurait pu alors être intéressant...mais même là c'est un échec!
1/ Le personnage de Candide incarné par la narratrice ne l'est pas tant que ça, et jouit de voir sa tortionnaire être obligée de la féliciter pour ses succès littéraires, dans des termes qui se veulent mystérieux ("ouah, trop cool, elle m'écrit en japonais"). Naïveté? Ou bêtise?
2/ La découverte de l'Autre qui doit surgir dans un roman d'initiation n'a pas lieu, puisque les japonais de l'entreprise ne sont vus, et jusqu'au bout, que sous l'angle dépréciatif de la caricature. En gros, ce sont des robots! Ceux qui se détachent du lot: ceux qui compremment qu'Amélie c'est quelqu'un de bien. Quel égocentrisme!!
3/ La narratrice masque derrière un ton enjoué un singulier manque d'humour et surtout des affirmations définitives sur un monde dont elle ignore pourtant les règles les plus élémentaires. Les autres deviennent responsables de cette ignorance. C'est là où beaucoup d'(auto)dérision aurait été nécessaire. C'est là où la miss se montre simplement raciste.

Ne survivent de ce "roman" qu'une bêtise proclamée (je sais que je suis bête, mais ça n'a pas d'importance, vous me comprenez, hein?! C'est second degré, j'ai le droit d'abord) et bien sûr l'ambiguité sur l'aspect fictionnel-vécu du bouquin, faut bien faire du sensationnel pour vendre ma pôv-dame! Au prix où sont les sushis à Bruxelles!
L'auteur en rajoute des couches en interview: "oui, c'est vraiment comme ça, le Japon!". C'est pitoyable. Aussi bête que son héroïne, celle-là!

Quitte à faire dans le racoleur, la dame aurait bien pu développer sur l'ambiguité de ses relations avec la belle Fubuki, et son attrait pour le sadomaso. Les seules pages crédibles sont peut-être celles où elle se penche sur la condition féminine. Une légère empathie y souffle. Enfin bon, ce que j'en dis!
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Pascal
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Message par Pascal »

Bonjour!

Vous dites exactement ce que je n'ai jamais su exprimer. Je suis
d'accord avec tout sauf sur cette dernière phrase:
Les seules pages crédibles sont peut-être celles où elle se penche sur
la condition féminine. [...]
Je pense justement qu'elle a faux aussi là dessus. Quand elle écrit des
phrases du genre (approximativement): "je ne comprends pas pourquoi
les japonaises ne se suicident pas", et tout ça sans aucune analyse autre
que ses fantasmes, je trouve aussi cela grave.

La condition féminine au Japon? Je n'ai pas fait d'études en sociologie,
et je ne pourrais par conséquent rien dire de très constructif. Et puis je
ne suis pas certain que la sociologie apporterait une vue moins biaisée
dans ce domaine.
Cependant, je peux témoigner de ce que je vois. Depuis le début, depuis
1989, je vois des femmes. Il y a tous les types possibles. Il y a des
femmes bien dans la vie, bien dans leur peau et d'autres pour qui ce n'est
pas le cas, comme partout. Il y a des femmes dont l'aura éclaire tout ce
qu'il y a autour d'elles, et d'autres dont la vie ressemble au ciel de
Belgique, qui se sentent seules dans l'existence et qui vous ouvrent leur
porte (entre autres) assez facilement.

Et puis maintenant que je suis installé depuis un certain temps (au sens
marié, relations avec d'autres parents, etc), je constate que dans les
couples, il n'y a finalement que des relations très normales, même si on
est moins démonstratif, même si on ne s'embrasse pas en public, même
si on marche moins la main dans la main. Je ne pense pas que cette
"normalité" soit un micro-climat de Kyoto.

Je ne conteste pas le fait qu'il y ait des différences, mais les remarques
comme je citais plus haut relèvent plus de la bëtise, comme vous le dites
si justement, que de la réalité (même la réalité de l'époque).

Pascal
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orlenduz
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Message par orlenduz »

Pascal a écrit : Et puis maintenant que je suis installé depuis un certain temps (au sens
marié, relations avec d'autres parents, etc), je constate que dans les
couples, il n'y a finalement que des relations très normales, même si on
est moins démonstratif, même si on ne s'embrasse pas en public, même
si on marche moins la main dans la main. Je ne pense pas que cette
"normalité" soit un micro-climat de Kyoto.



Pascal
Non, je ne crois pas non plus que ce soit du a un micro climat. Je n'ai aucune experience d'ici mais je ressens que les gens autour de moi ont des types tres differents les uns des autres. Et je n'ai pas envie de penser que c'est parcequ'ils ont voyage. Car ce n'est pas le cas pour tous.
C'est clair que c'est une illusion de croire que tout le monde est coule dans le meme moule ici. Il y a des moules partout mais comme pour les gens que je frequente en France je vois qu'ici aussi les gens s'en accomodent a leur facon.
C'est ce qui est etrange pour l'auteur qui a vecu un bon moment au Japon.
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shaahrazade
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Message par shaahrazade »

Pascal a écrit : Cependant, je peux témoigner de ce que je vois. Depuis le début, depuis
1989, je vois des femmes. Il y a tous les types possibles...
Le truc c'est ça. On voit des femmes, on en voit même presque autant que d'homme. Où qu'on se balade au Japon, on voit des hommes et des femmes, certains sont heureux d'autre ne pense qu'à pleurenicher.
Ce n'est pas avec ça qu'on pourra décrire le Japon comme quelque chose de très particulier et différent du monde occidental.
Il m'est arrivé de travailler (pas longtemps, heureusement) dans des pays où des femmes, on n'en voit pas...

Je viens de lire deux sites sur ce stupeur et tremblements en particulier :
http://delpiano.club.fr/ONPA_Nothomb_html.htm
http://pedagogie.ac-montpellier.fr/lett ... /index.htm
Je ne sais pas s'il est politiquement correct de mettre ses sites, si ce n'est pas le cas, que les modérateurs me demandent de les retirer, je le ferais.

Le premier site envoie sur une biographie de l'auteur puis un "résumé" du livre constitué en fait d'extraits.
Il y a une analyse de la condition féminine au Japon vue par Nothomb dans le second site. À prioris, la citation sur laquelle Pascal ne mettait pas le doigt est la suivante : Je proclame ma profonde admiration pour toute Nippone qui ne s'est pas suicidée. J'ai regardé des statistiques récentes, le taux de suicide au Japon est l'un des plus fort du monde (mais PAS le plus fort du monde) avec environ 35 personnes pour mille suicidées, dont 32 hommes et 3 femmes. ce qui donne un taux de suicide féminin carrément inférieur à celui de n'importe quel pays d'Europe (entre 7 et 12). Mais où donc Amélie va-t-elle chercher tout ça.

Autre citation : les systèmes les plus autoritaires suscitent, dans les nations où ils sont d'application, les cas les plus hallucinants de déviance - et, par ce fait même, une relative tolérance à l'égard des bizarreries humaines les plus sidérantes. On ne sait ce qu'est un excentrique si l'on n'a pas rencontré un excentrique nippon
Tout le monde est d'accord, n'est-ce pas ? Les japonais sont bizarres et deviants, ils lisent même des manga, imaginez donc... 8O
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