Arasujibon

[deQuinty]

Depuis quelque temps, on entend beaucoup parler d'un nouveau phénomène de société au Japon: les arasujibon. Je suis allée donc acheter l'un de ces indispensables outils. Il s'agit d'un type de livre qui, comme son nom l'indique en japonais, donne des indications sur l'intrigue d'un roman.
La série qui a déclenché cette ruée vers l'étal des libraires au Japon a été écrite par le proviseur d'un lycée de la préfecture de Saitama (à côté de Tôkyô) et par son équipe pour inciter les lycéens japonais à lire autre chose que des mangas et à goûter les textes littéraires. Trois tomes sont déjà sortis, qui concernent la littérature japonaise moderne, c'est-à-dire celle d'après l'époque Edo, à partir de la restauration de Meiji (1868). Chaque tome est structuré de la manière suivante: 25 œuvres choisies (ou plus), avec pour chacune d'elles la photo de son auteur, une brève biographie, les premières phrases de l'œuvre en question, le contexte dans lequel elle a été écrite, et surtout son résumé, le tout en environ 5 ou 6 pages maximum.
Le succès ne s'est pas fait attendre, mais ce qui était inattendu, c'est que, plus encore que les lycéens, ce sont les Japonais entrés dans la vie active qui se sont précipités sur cette nouvelle manière d'aborder ou de réabordrer en quelques pages les grands classiques japonais.
Bien évidemment, le concept n'a pas tardé à être repris par d'autres éditions, que ce soit pour la littérature japonaise, la littérature occidentale, l'histoire mondiale ou même le bushidô...
Alors, même si vous n'êtes pas japonais, si vous lisez ou étudiez le japonais, il se peut que ces petits livres à prix modiques (1000 yens) vous intéressent...

[Plantaxl]

Bonjour.

Je me pose tout de suite une question en lisant ce message. Est-ce que ce genre d'ouvrages, finalement assimilable à un simple catalogue d'oeuvres, n'incite pas le lecteur moyen à se contenter de ce résumé, plutôt que de l'inviter à découvrir la version originale ?

Cela me rappelle mes années de collège et de lycée, et nottament cette collection de petits livres qui faisaient pour nous l'étude d'un classique de la littérature. Tout plutôt que d'avoir à lire ces énormes livres indigestes !

Et puis une simple recherche sur internet ne donne t'elle pas, pour moins cher, les mêmes renseignements ?

Amicalement, Plantaxl.

[deQuinty]

Je me suis posé la même question: est-ce que cela n'encourage pas les gens à se contenter de ces résumés sans jamais avoir envie de lire l'original?
Bien sûr, je n'ai pas la réponse, mais c'est la théorie du "mieux que rien". Des jeunes qui ne lisaient jusqu'alors que des mangas découvrent, ne serait-ce qu'un peu, des textes littéraires dont ils n'auraient, sans cela, jamais eu connaissance. Il paraît, d'ailleurs, que de nombreux élèves auraient mordu à l'hameçon et se seraient mis à lire les œuvres entières, info ou intox...? Quant au boum parmi les salary-man qui lisent cela pendant les longs trajets en train, cela ne peut être que positif également, non?
Concernant internet, il est vrai qu'on y trouve beaucoup d'infos très rapidement, mais le temps de faire le tri parmi tous les sites pour trouver dans l'un des extraits de l'œuvre, dans un autre, une présentation de l'auteur, dans un 3ème, une photo, dans un 4ème, un vague résumé qui n'est pas toujours satisfaisant , il me semble que c'est plus rapide d'ouvrir un livre. En fait, c'est l'éternel problème de savoir si ça vaut la peine d'essayer d'ouvrir un sentier littéraire dans une forêt de mangas et de lui donner la chance de devenir un jour un chemin fréquenté ou si, à partir du moment où on doute que le sentier ne s'élargisse, on décide de ne rien tenter. Que faire et que penser?
Bien cordialement.