SEJT réunion de janvier 2002

La prochaine réunion de la SEJT aura lieu le vendredi 25 janvier (et non pas le 18 comme annoncé), à 19 heures, salle 601 de la Maison Franco Japonaise (Ebisu, Tokyo). Entrée libre.
Le professeur Thomas Sekine nous parlera de Uno Kozo, économiste important, original, et dont la pensée, encore mal connue, peut donner à réfléchir en cette époque où « post-moderne » semble être le mot-clef. Un pot clôturera cette soirée. Les dernières nouvelles concernant la SEJT et l’annuaire des membres se trouvent à
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Uno Kozo (1897-1977), un gourou du marxisme japonais de l’après-guerre, particulièrement admiré par les shinsayoku, les soixante-huitards du Japon, dans les années soixante et soixante-dix, mais de nos jours déjà presque oublié, coula son enfance dans un milieu petit-bourgeois de Kurashiki, durant la première décennie du vingtième siècle, alors que le Japon subissait les lancinantes épreuves de la modernisation à marche forcée. Plus tard, sous l’influence d’idéologies nouvellement importées —- le socialisme et l’anarchisme en particulier —-, il se décida à étudier à fond et à maîtriser Le Capital de Marx. Mais son ambition ne fut réalisée qu’en 1924, en Allemagne. En revenant au Japon après le grand séisme du Kanto, c’est-à-dire au crépuscule de l’époque démocratisante de Taisho, il enseigna à l’Université Tohoku de Sendai, chargé des cours de politique économique. Il se plongea alors dans sa recherche intellectuelle, écrivant peu et restant donc largement inconnu, jusqu’à son arrestation en 1938 sous le chef d’inculpation, peu croyable, d’avoir participé à des activités politiques au Japon de concert avec le Front populaire, mouvement international anti-fasciste. Après sa libération, il vint à Tokyo et travailla pour des centres privés d’études économiques jusqu’à la fin de la guerre. Ce n’est qu’en 1946 qu’il fut rétabli dans ses fonctions universitaires, cette fois à Tokyo, à l’âge de 49 ans. A partir de ce moment, son talent inégalé et longtemps dissimulé put éclore. Il publia prolifiquement, et ses pensées originales fascinèrent les jeunes qui virent en lui un véritable meneur idéologique du Japon.
Mais comme auteur, il reste difficile à comprendre. Peut-être ne l’a-t-on pas bien compris après tout, ce qui expliquerait la brièveté de sa popularité. Sa véritable importance réside, me semble-t-il, dans la découverte de la « dialectique du capital » qui constitue, en somme, le « logiciel » [das Bewegungsgesetse] de la société moderne. Sans bien tout d’abord saisir ce « logiciel », on ne saurait en aucun cas surmonter le capitalisme quelque fervente que soit sa passion révolutionnaire, et le postmodernisme « déconstructeur » ne serait guère qu’un assaut de Don Quichotte contre des moulins à vent.

Publié par

Christian Bouthier

Christian Bouthier, un Français au Japon depuis 1982. フランス語講師 et professeur de japonais.

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