SEJT réunion de novembre 2001

La prochaine réunion de la SEJT aura lieu vendredi 30 novembre, à 19 heures, salle 601 de la Maison Franco Japonaise (Ebisu, Tokyo).
Gilles Bieux,
doctorant à l’Inalco nous parlera de l’un des représentants les plus
célébres du mouvement anarchiste d’avant guerre (résumé ci dessous).
Un pot cloturera cette soirée.

Nous vous espérons nombreux autour de cette évocation des mouvements
contestataires et littéraires de Taisho.

Matthieu Seguela,
Président de la SEJT.

(les dernieres nouvelles concernant la SEJT et l’annuaire des membres se
trouvent à https://www.mfj.gr.jp/sejt/sejt.html)

OSUGI SAKAE ET L’ANARCHISME : LIBERTE DE CONSCIENCE ET D’ECRITURE DANS LE JAPON DE TAISHO
par Gilles Bieux

Si l’ère Taisho est connue comme une relative période de développement des libertés, ce qui est sans doute dû à l’expansion du Japon en Asie et à sa victoire sur la Russie qui entraînèrent un enrichissement du pays, elle demeure à bien des égards très coercitive. Alors qu’elle s’achève en septembre 1923 à la suite du grand tremblement de terre du Kanto, Osugi Sakae, personnage complexe au coeur du mouvement qui tenta au Japon de propager la philosophie de la gauche révolutionnaire, connaît également une fin tragique, assassiné par un capitaine de la police militaire. Témoin important de son temps, Osugi Sakae est le premier anarchiste japonais internationaliste par opposition à son aîné Kotoku Shusui dont l’anarchisme tout tourné vers l’intérieur n’a su trouver d’audience auprès des couches populaires et a connu une fin tragique avec l’incident de lèse-majesté en 1910.
O‘sugi tente de trouver dans l’accomplissement d’un idéal anarchiste un remède à tous les maux aussi bien sociaux qu’individuels. Elevé dans la glorification de líuniforme, son cheminement vers léanarchisme est avant tout intellectuel et non viscéral. C’est par la lecture de revues et d’ouvrages tant écrits ou édités par des compatriotes que par des étrangers, qu’il se rapproche des idées tout díabord de gauche puis anarchistes. C’est cette volonté de connaître qui le pousse à tenter l’étude des langues après un rejet profond de l’école militaire. Sa vie, à l’image de ses années de jeunesse, demeure un combat entre la pression de cette société qu’il abhorre et son désir d’accomplissement individuel. Ceci léamène à faire des choix, tantôt malheureux, comme sa tentative de réalisation d’un amour libre, tantôt heureux, comme sa volonté de se démarquer de ses anciens camarades qui se tournent vers le bolchevisme en 1917, déçus de l’inadéquation ostensible entre leur idéal anarchiste et la réalité de líindividu de Taisho.
Au final, la plus grande réussite d’Osugi reste non seulement l’écriture de quelques ouvrages témoignant de son temps comme son Autobiographie ou ses Récits de ma vie en prison, mais la création de quelques revues à mi-chemin entre politique, philosophie et littérature dont La pensée moderne est sans nul doute léexemple le plus accompli.

Publié par

Christian Bouthier

Christian Bouthier, un Français au Japon depuis 1982. フランス語講師 et professeur de japonais.

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